Author: | Édouard Rod | ISBN: | 1230001233322 |
Publisher: | E H | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Édouard Rod |
ISBN: | 1230001233322 |
Publisher: | E H |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Il y a quelques années, personne ne parlait de M. Zola. On avait formé contre lui une sorte de conspiration du silence. Ses romans paraissaient et trouvaient quelques lecteurs, parfois quelques admirateurs ; mais aucun critique ne s’en occupait : La Conquête de Plassans n’a pas eu un seul article dans la presse parisienne ; La Faute de l’abbé Mouret en a eu deux. Un critique influent déclarait que l’auteur des Rougon-Macquart « l’horripilait », qu’ « il ne pouvait pas souffrir ce monsieur » . Mais il disait cela dans l’intimité, et ne prenait pas la peine de communiquer ce jugement à son public.
En 1873, le théâtre de la Renaissance monta Thérèse Raquin ce fut un scandale ; ce drame eut, si je ne me trompe, sept représentations ; critiques et reporters tapèrent à l’envi sur l’œuvre nouvelle. On ne se contenta pas de calomnier la pièce, on alla presque jusqu’à insulter l’auteur. Le résultat de tout ce tapage fut que le public apprit à connaître le nom de M. Zola, et lut ses romans ; sans compter que, pour pouvoir plus à l’aise éreinter le dramaturge, on commença à mettre en relief le talent du romancier.
Enfin parut L’Assommoir ; ce livre étrange excita toutes les haines. Il se trouva des journalistes pour le dénoncer comme une œuvre immorale, fétide, malsaine. Bien des gens auraient désiré le rétablissement de l’Inquisition, pour qu’on pût brûler l’œuvre et son auteur. On se contenta, ne pouvant faire plus, de lui jeter à la face toute la boue dans laquelle marchaient ses personnages ; on aurait voulu l’ensevelir dans l’ignominie, confondre sa personnalité avec celle des scélérats qu’il dépeint, lui prêter les vices qu’il décrit, — sans vouloir remarquer la puissance d’indignation qui perce à chaque ligne...
Il y a quelques années, personne ne parlait de M. Zola. On avait formé contre lui une sorte de conspiration du silence. Ses romans paraissaient et trouvaient quelques lecteurs, parfois quelques admirateurs ; mais aucun critique ne s’en occupait : La Conquête de Plassans n’a pas eu un seul article dans la presse parisienne ; La Faute de l’abbé Mouret en a eu deux. Un critique influent déclarait que l’auteur des Rougon-Macquart « l’horripilait », qu’ « il ne pouvait pas souffrir ce monsieur » . Mais il disait cela dans l’intimité, et ne prenait pas la peine de communiquer ce jugement à son public.
En 1873, le théâtre de la Renaissance monta Thérèse Raquin ce fut un scandale ; ce drame eut, si je ne me trompe, sept représentations ; critiques et reporters tapèrent à l’envi sur l’œuvre nouvelle. On ne se contenta pas de calomnier la pièce, on alla presque jusqu’à insulter l’auteur. Le résultat de tout ce tapage fut que le public apprit à connaître le nom de M. Zola, et lut ses romans ; sans compter que, pour pouvoir plus à l’aise éreinter le dramaturge, on commença à mettre en relief le talent du romancier.
Enfin parut L’Assommoir ; ce livre étrange excita toutes les haines. Il se trouva des journalistes pour le dénoncer comme une œuvre immorale, fétide, malsaine. Bien des gens auraient désiré le rétablissement de l’Inquisition, pour qu’on pût brûler l’œuvre et son auteur. On se contenta, ne pouvant faire plus, de lui jeter à la face toute la boue dans laquelle marchaient ses personnages ; on aurait voulu l’ensevelir dans l’ignominie, confondre sa personnalité avec celle des scélérats qu’il dépeint, lui prêter les vices qu’il décrit, — sans vouloir remarquer la puissance d’indignation qui perce à chaque ligne...