Author: | Jean Tousseul | ISBN: | 1230001607451 |
Publisher: | CP | Publication: | March 25, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jean Tousseul |
ISBN: | 1230001607451 |
Publisher: | CP |
Publication: | March 25, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Les sirènes des usines cornèrent dans le crépuscule et les cloches battirent au-dessus des campagnes et des toits. Puis il se fit un grand silence comme à l’approche d’un cataclysme. La vie s’arrêta : on entendit les oiseaux siffloter dans les arbres des boulevards et sur les murs des usines. Eux-mêmes se turent. On eût cru que la terre avait été dérangée dans sa course.
Les rues s’emplirent de monde : les lumières agonisèrent aux fenêtres des maisons, dans les poires suspendues au-dessus des ponts, dans les réverbères. Les gens marchaient sous les astres et disaient : « On a vu l’Étoile… et ils la cherchaient parmi les milliers de gouttes de lumière qui brillaient dans le ciel.
Il y avait un an que l’Homme était passé dans le pays et avait annoncé la venue de l’Étoile. « Lorsqu’elle sera là, disait-il, vous marcherez vers elle et lorsqu’elle s’arrêtera dans sa courbe, vous serez en Terre promise. » L’inconnu connaissait toutes les langues : il avait parcouru tout le continent et harangué les travailleurs des quatre coins de l’Europe. On ignorait son nom, on s’était moqué de lui, de ses images bibliques, on lui avait jeté des pierres. Les gendarmes l’avaient mis en prison. Lorsqu’il comparut devant les juges, il parla longuement et il leur laissa l’âme troublée pour le reste de leurs jours, car il leur révéla la faiblesse humaine. On finit par l’écouter. Ses gestes étaient à la fois si altiers et si miséricordieux, ses yeux étaient si lumineux, son visage si pur dans sa barbe blonde, son verbe si sonore et si caressant, qu’on le respecta. Un vieux fonds de religion traversa les foules. Elles se pressaient pour le voir, le toucher, et les femmes lui présentaient leurs petits enfants.
Les sirènes des usines cornèrent dans le crépuscule et les cloches battirent au-dessus des campagnes et des toits. Puis il se fit un grand silence comme à l’approche d’un cataclysme. La vie s’arrêta : on entendit les oiseaux siffloter dans les arbres des boulevards et sur les murs des usines. Eux-mêmes se turent. On eût cru que la terre avait été dérangée dans sa course.
Les rues s’emplirent de monde : les lumières agonisèrent aux fenêtres des maisons, dans les poires suspendues au-dessus des ponts, dans les réverbères. Les gens marchaient sous les astres et disaient : « On a vu l’Étoile… et ils la cherchaient parmi les milliers de gouttes de lumière qui brillaient dans le ciel.
Il y avait un an que l’Homme était passé dans le pays et avait annoncé la venue de l’Étoile. « Lorsqu’elle sera là, disait-il, vous marcherez vers elle et lorsqu’elle s’arrêtera dans sa courbe, vous serez en Terre promise. » L’inconnu connaissait toutes les langues : il avait parcouru tout le continent et harangué les travailleurs des quatre coins de l’Europe. On ignorait son nom, on s’était moqué de lui, de ses images bibliques, on lui avait jeté des pierres. Les gendarmes l’avaient mis en prison. Lorsqu’il comparut devant les juges, il parla longuement et il leur laissa l’âme troublée pour le reste de leurs jours, car il leur révéla la faiblesse humaine. On finit par l’écouter. Ses gestes étaient à la fois si altiers et si miséricordieux, ses yeux étaient si lumineux, son visage si pur dans sa barbe blonde, son verbe si sonore et si caressant, qu’on le respecta. Un vieux fonds de religion traversa les foules. Elles se pressaient pour le voir, le toucher, et les femmes lui présentaient leurs petits enfants.