FANTÔME D'ORIENT

Fiction & Literature, Action Suspense, Classics, Historical
Cover of the book FANTÔME D'ORIENT by Pierre Loti, Jwarlal
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Pierre Loti ISBN: 1230002225166
Publisher: Jwarlal Publication: March 20, 2018
Imprint: Language: French
Author: Pierre Loti
ISBN: 1230002225166
Publisher: Jwarlal
Publication: March 20, 2018
Imprint:
Language: French

Septembre 188...

 

Minuit, après une fraîche soirée de fin septembre où déjà un peu d'automne s'annonce. Du silence partout. Dans ma maison familiale paisiblement endormie, je reste seul éveillé, l'esprit en grand trouble d'anxiété et d'attente. Depuis tantôt deux heures, je me suis retiré chez moi, disant que j'allais sagement me coucher, en prévision de mon départ matinal de demain. Mais le sommeil ne vient pas. Enfermé dans mon logis particulier, errant sans but d'une pièce dans une autre, je reste indéfiniment songeur, comme à la veille de mes grands départs de marin pour des campagnes longues et lointaines, et, en dedans de moi-même, je passe une lente revue sinistre de temps accomplis, de choses à jamais finies, de visages morts.

 

Cette fois pourtant, je ne pars que pour un mois et je ne vais pas plus loin que Constantinople, mais le voyage sera sombre...

 

Il faut bien qu'il se soit joué là-bas un acte inoubliable de cette féerie noire qui a été ma vie, pour que je m'inquiète ainsi de la pensée d'y retourner; pour que tout ce qui en vient, un mot tartare qui me repasse en tête, une arme d'Orient, une étoffe turque, un parfum, aussitôt me plonge dans une rêverie d'exilé où réapparaît Stamboul! Et ce n'est pas par simple fantaisie d'art non plus, qu'ici mon appartement est pareil à celui de quelque émir d'autrefois, ressemble à une demeure orientale qui, par sortilège, se serait incrustée au milieu de ma chère maison héréditaire, avec ses arceaux dentelés, ses broderies d'ors archaïques et ses chaux blanches. Un charme dont je ne me déprendrai jamais m'a été jeté par l'Islam, au temps où j'habitais la rive du Bosphore, et je subis de mille manières ce charme-là, même dans les choses, dans les dessins, dans les couleurs, jusque dans ces vieilles fleurs de rêve qui sont ici naïvement peintes sur les faïences de mes murs. Et surtout il m'attire, ce charme triste, il m'attire vers là-bas où je serai demain.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Septembre 188...

 

Minuit, après une fraîche soirée de fin septembre où déjà un peu d'automne s'annonce. Du silence partout. Dans ma maison familiale paisiblement endormie, je reste seul éveillé, l'esprit en grand trouble d'anxiété et d'attente. Depuis tantôt deux heures, je me suis retiré chez moi, disant que j'allais sagement me coucher, en prévision de mon départ matinal de demain. Mais le sommeil ne vient pas. Enfermé dans mon logis particulier, errant sans but d'une pièce dans une autre, je reste indéfiniment songeur, comme à la veille de mes grands départs de marin pour des campagnes longues et lointaines, et, en dedans de moi-même, je passe une lente revue sinistre de temps accomplis, de choses à jamais finies, de visages morts.

 

Cette fois pourtant, je ne pars que pour un mois et je ne vais pas plus loin que Constantinople, mais le voyage sera sombre...

 

Il faut bien qu'il se soit joué là-bas un acte inoubliable de cette féerie noire qui a été ma vie, pour que je m'inquiète ainsi de la pensée d'y retourner; pour que tout ce qui en vient, un mot tartare qui me repasse en tête, une arme d'Orient, une étoffe turque, un parfum, aussitôt me plonge dans une rêverie d'exilé où réapparaît Stamboul! Et ce n'est pas par simple fantaisie d'art non plus, qu'ici mon appartement est pareil à celui de quelque émir d'autrefois, ressemble à une demeure orientale qui, par sortilège, se serait incrustée au milieu de ma chère maison héréditaire, avec ses arceaux dentelés, ses broderies d'ors archaïques et ses chaux blanches. Un charme dont je ne me déprendrai jamais m'a été jeté par l'Islam, au temps où j'habitais la rive du Bosphore, et je subis de mille manières ce charme-là, même dans les choses, dans les dessins, dans les couleurs, jusque dans ces vieilles fleurs de rêve qui sont ici naïvement peintes sur les faïences de mes murs. Et surtout il m'attire, ce charme triste, il m'attire vers là-bas où je serai demain.

More books from Jwarlal

Cover of the book A L'OMBRE DES JEUNES FILLES EN FLEURS DEUXIÈME PARTIE by Pierre Loti
Cover of the book THE CROWN OF WILD OLIVE by Pierre Loti
Cover of the book A FORTUNATE TERM by Pierre Loti
Cover of the book ADVENTURES OF HUCKLEBERRY FINN by Pierre Loti
Cover of the book PHYSIOLOGIE DE L'AMOUR MODERNE by Pierre Loti
Cover of the book MONSIEUR PARENT et autres histoires courtes by Pierre Loti
Cover of the book HISTOIRE D'UN BAISER by Pierre Loti
Cover of the book THE VICOMTE DE BRAGELONNE by Pierre Loti
Cover of the book LES FEMMES D'ARTISTES by Pierre Loti
Cover of the book A Sicilian Romance by Pierre Loti
Cover of the book LITTLE WOMEN by Pierre Loti
Cover of the book ROMANS ÉTRANGERS MODERNES : DERNIERS CONTES by Pierre Loti
Cover of the book THE PURCELL PAPERS all volumes by Pierre Loti
Cover of the book L'EAU PROFONDE LES PAS DANS LES PAS by Pierre Loti
Cover of the book Dix-sept Histoires de Marins by Pierre Loti
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy