Author: | Alphonse Daudet | ISBN: | 1230000628860 |
Publisher: | pb | Publication: | August 25, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alphonse Daudet |
ISBN: | 1230000628860 |
Publisher: | pb |
Publication: | August 25, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
C’était une élégante personne d’une mise irréprochable, bien au goût
du jour et de la saison, – on était en décembre 1858 ; – il y avait même
dans le moelleux de ses fourrures, dans la richesse de sa toile?e noire et
l’originalité discrète de son chapeau, le luxe tranquille de la femme qui
possède une voiture et qui passe de la ne?eté de ses tapis aux coussins de
son coupé sans subir la transition banale de la rue.
Elle avait la tête très petite, ce qui fait paraître les femmes toujours
plus grandes, un joli visage duveté comme un fruit, mobile, souriant, illuminé
par deux yeux naïfs et clairs et des dents très blanches, montrées
à tout propos. Ce?e mobilité de ses traits semblait extrême, et je ne sais
quoi dans ce?e physionomie plaisante, peut-être la lèvre inférieure légèrement
détendue par un perpétuel besoin de parler, peut-être le front
étroit sous le brillant des bandeaux, indiquait l’absence de réflexion, un
esprit un peu borné, et expliquait les parenthèses ouvertes à tout moment
dans la conversation de ce?e jolie personne, comme ces petits paniers japonais
de grandeur calculée qui rentrent tous les uns dans les autres, et
dont le dernier est toujours vide...
C’était une élégante personne d’une mise irréprochable, bien au goût
du jour et de la saison, – on était en décembre 1858 ; – il y avait même
dans le moelleux de ses fourrures, dans la richesse de sa toile?e noire et
l’originalité discrète de son chapeau, le luxe tranquille de la femme qui
possède une voiture et qui passe de la ne?eté de ses tapis aux coussins de
son coupé sans subir la transition banale de la rue.
Elle avait la tête très petite, ce qui fait paraître les femmes toujours
plus grandes, un joli visage duveté comme un fruit, mobile, souriant, illuminé
par deux yeux naïfs et clairs et des dents très blanches, montrées
à tout propos. Ce?e mobilité de ses traits semblait extrême, et je ne sais
quoi dans ce?e physionomie plaisante, peut-être la lèvre inférieure légèrement
détendue par un perpétuel besoin de parler, peut-être le front
étroit sous le brillant des bandeaux, indiquait l’absence de réflexion, un
esprit un peu borné, et expliquait les parenthèses ouvertes à tout moment
dans la conversation de ce?e jolie personne, comme ces petits paniers japonais
de grandeur calculée qui rentrent tous les uns dans les autres, et
dont le dernier est toujours vide...