Author: | Charles Asselineau | ISBN: | 1230001906745 |
Publisher: | CP | Publication: | September 19, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Charles Asselineau |
ISBN: | 1230001906745 |
Publisher: | CP |
Publication: | September 19, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Il le faut, Madame, parlons du passé. Aussi bien que dirions-nous du présent ? Et quant à l’avenir, le mieux est de n’y pas songer. Vous êtes convenue avec moi qu’il n’avait rien de consolant. Laissons-le donc approcher sans trop y prendre garde.
Que les pas du temps ont été longs (je ne dis pas lents) depuis un quart de siècle, et qu’il y a loin du temps où nous avons vécu — j’entends par là aimer, croire, espérer — au temps où l’on nous fait vivre aujourd’hui ! Était-ce le même pays, les mêmes gens, la même langue ? Par moment il me semble que j’ai fait un long voyage, et que ce n’est pas seulement les ans, mais les lieues qui me séparent de ce temps-là.
Nous y voilà donc déjà à nous faire les « laudateurs des âges écoulés. » On ne dira pas du moins : laudateurs quand même ; car ici les faits parlent, et si je voulais justifier mes sympathies, je n’aurais qu’à opposer des goûts, des mœurs, des conversations ; à montrer de quoi l’on s’occupait et l’on causait alors, pour quoi l’on se passionnait, et à chercher les analogues dans les préoccupations et dans les passions du présent. Je comparerais même les ridicules ; car une époque se juge aussi bien par ses travers que par ses vertus, les uns n’étant le plus souvent que l’envers des autres.
Il le faut, Madame, parlons du passé. Aussi bien que dirions-nous du présent ? Et quant à l’avenir, le mieux est de n’y pas songer. Vous êtes convenue avec moi qu’il n’avait rien de consolant. Laissons-le donc approcher sans trop y prendre garde.
Que les pas du temps ont été longs (je ne dis pas lents) depuis un quart de siècle, et qu’il y a loin du temps où nous avons vécu — j’entends par là aimer, croire, espérer — au temps où l’on nous fait vivre aujourd’hui ! Était-ce le même pays, les mêmes gens, la même langue ? Par moment il me semble que j’ai fait un long voyage, et que ce n’est pas seulement les ans, mais les lieues qui me séparent de ce temps-là.
Nous y voilà donc déjà à nous faire les « laudateurs des âges écoulés. » On ne dira pas du moins : laudateurs quand même ; car ici les faits parlent, et si je voulais justifier mes sympathies, je n’aurais qu’à opposer des goûts, des mœurs, des conversations ; à montrer de quoi l’on s’occupait et l’on causait alors, pour quoi l’on se passionnait, et à chercher les analogues dans les préoccupations et dans les passions du présent. Je comparerais même les ridicules ; car une époque se juge aussi bien par ses travers que par ses vertus, les uns n’étant le plus souvent que l’envers des autres.