Author: | G. Lenotre | ISBN: | 1230001578478 |
Publisher: | JBR | Publication: | March 6, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | G. Lenotre |
ISBN: | 1230001578478 |
Publisher: | JBR |
Publication: | March 6, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
La Mirlitantouille (Edition Intégrale - Version Entièrement Illustrée)
* Inclus une courte biographie de G. Lenotre
Descriptif : Épisodes de la Chouannerie Bretonne
Extrait : Il était trop madré pour ne pas discerner, dès le début de cette téméraire partie, que son jeu manquait d’atouts : aucun titre à se poser en mandataire des Princes ; ceux-ci, bien probablement, ignoraient qu’il existât ; son nom, d’ailleurs, au jugement des purs royalistes, était celui d’un traître, puisque Puisaye, gentilhomme et officier de la garde du roi, avait servi la cause des Girondins régicides ; aux Bleus, il paraissait tout aussi méprisable, comptant parmi ceux que l’on appelait, dans le jargon de l’époque, les « restes impurs de l’infâme fédéralisme ». Par surcroît d’achoppement, il n’était pas breton, tare irrémédiable aux yeux de quiconque est né dans le pays qui s’étend de Cancale au Croisic et d’Ingrandes à Ouessant. Il rusa : s’étant attaché un homme du pays, Laurent, d’une fidélité candide et quasi dévotieuse, il enrôla, par l’intermédiaire de ce serviteur, une fille de vingt-deux ans, matoise et intrépide ; cette luronne affrontait audacieusement tous les périls ; elle traversait chaque jour les postes de l’armée républicaine et ne fut pas une seule fois suspectée. Bientôt, grâce aux insinuations de cette acolyte bien stylée, la rumeur s’infiltra dans la région que, au fond de la forêt du Pertre, vivait un personnage mystérieux, — le comte Joseph, — un proscrit de marque, un prince du sang royal peut-être… Ses générosités accroissaient son prestige ; il distribuait l’argent sans compter, laissant croire qu’il disposait de sommes inépuisables « en raison de ses relations avec l’empereur d’Autriche et le roi d’Angleterre ». La mystification eut son plein effet sur les paysans révoltés, épris de légendes, et dont le nombre s’était augmenté, au printemps, de tous les réfractaires à la levée de 300.000 hommes décrétée par la Convention. Outre les bandes dont dispose le jeune Boisguy, autour de Fougères, il y a, aux environs de Laval, celle de Jean Cottereau, dit Jean Chouan, celle de Jambe d’Argent dans la Mayenne, celle de la Vache noire que commande Courtillier, dit Saint Paul, et quelques-uns de ces groupements obéissent à un certain Monsieur Jacques, ancien officier de la garde du Roi. Car, pour dérouter les dénonciateurs, ces révoltés ont adopté des sobriquets :Sans peur, Cœur de lion, Monte à l’assaut, Brave la mort, Sans quartier ; sur un ordre ils prennent le fusil, s’embusquent, harcèlent les Bleus, tracassent les acheteurs de biens nationaux et les prêtres « sermentés », puis le coup fait, ils se dispersent, rentrent chez eux, reprennent la charrue ou l’outil habituel, leur nom légal, et cette double personnalité les fait insaisissables.
La Mirlitantouille (Edition Intégrale - Version Entièrement Illustrée)
* Inclus une courte biographie de G. Lenotre
Descriptif : Épisodes de la Chouannerie Bretonne
Extrait : Il était trop madré pour ne pas discerner, dès le début de cette téméraire partie, que son jeu manquait d’atouts : aucun titre à se poser en mandataire des Princes ; ceux-ci, bien probablement, ignoraient qu’il existât ; son nom, d’ailleurs, au jugement des purs royalistes, était celui d’un traître, puisque Puisaye, gentilhomme et officier de la garde du roi, avait servi la cause des Girondins régicides ; aux Bleus, il paraissait tout aussi méprisable, comptant parmi ceux que l’on appelait, dans le jargon de l’époque, les « restes impurs de l’infâme fédéralisme ». Par surcroît d’achoppement, il n’était pas breton, tare irrémédiable aux yeux de quiconque est né dans le pays qui s’étend de Cancale au Croisic et d’Ingrandes à Ouessant. Il rusa : s’étant attaché un homme du pays, Laurent, d’une fidélité candide et quasi dévotieuse, il enrôla, par l’intermédiaire de ce serviteur, une fille de vingt-deux ans, matoise et intrépide ; cette luronne affrontait audacieusement tous les périls ; elle traversait chaque jour les postes de l’armée républicaine et ne fut pas une seule fois suspectée. Bientôt, grâce aux insinuations de cette acolyte bien stylée, la rumeur s’infiltra dans la région que, au fond de la forêt du Pertre, vivait un personnage mystérieux, — le comte Joseph, — un proscrit de marque, un prince du sang royal peut-être… Ses générosités accroissaient son prestige ; il distribuait l’argent sans compter, laissant croire qu’il disposait de sommes inépuisables « en raison de ses relations avec l’empereur d’Autriche et le roi d’Angleterre ». La mystification eut son plein effet sur les paysans révoltés, épris de légendes, et dont le nombre s’était augmenté, au printemps, de tous les réfractaires à la levée de 300.000 hommes décrétée par la Convention. Outre les bandes dont dispose le jeune Boisguy, autour de Fougères, il y a, aux environs de Laval, celle de Jean Cottereau, dit Jean Chouan, celle de Jambe d’Argent dans la Mayenne, celle de la Vache noire que commande Courtillier, dit Saint Paul, et quelques-uns de ces groupements obéissent à un certain Monsieur Jacques, ancien officier de la garde du Roi. Car, pour dérouter les dénonciateurs, ces révoltés ont adopté des sobriquets :Sans peur, Cœur de lion, Monte à l’assaut, Brave la mort, Sans quartier ; sur un ordre ils prennent le fusil, s’embusquent, harcèlent les Bleus, tracassent les acheteurs de biens nationaux et les prêtres « sermentés », puis le coup fait, ils se dispersent, rentrent chez eux, reprennent la charrue ou l’outil habituel, leur nom légal, et cette double personnalité les fait insaisissables.