Author: | Eugène PELLETAN | ISBN: | 1230001734669 |
Publisher: | er | Publication: | June 26, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Eugène PELLETAN |
ISBN: | 1230001734669 |
Publisher: | er |
Publication: | June 26, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
Je ne vous connais pas, Monsieur, et, sans chercher précisément à vous connaître, j’éprouve cependant pour vous une lointaine sympathie. Vous êtes un des hommes de ce temps-ci, qui prouve le mieux, par son exemple, la victoire de la démocratie sur l’ancien régime. Car, si je ne me trompe, autant et plus qu’aucun de nous, vous avez le droit d’invoquer la modestie du berceau.
Vous avez débuté dans le monde par l’état de mécanicien. Vous aviez le génie du coup de lime, vous êtes monté, du premier jour, au rang de contre-maître. Alors vous avez jeté un regard sur la France, et la trouvant encombrée de contre-maîtres, sans compter les maîtres, vous avez désespéré d’y trouver le placement de votre mérite. Vous avez cherché sur la mappemonde une terre digne de votre talent, et vous l’avez trouvée à l’île de la Réunion.
À votre entrée en scène, et comme lettre de naturalisation, vous y avez porté une manivelle ingénieuse pour la triture de la canne à sucre. Grâce au service que vous avez rendu à la fabrication de la cassonade, vous avez obtenu une place de confiance sur une plantation. Dans cette nouvelle fonction, vous avez eu à diriger le travail des nègres et à les dresser, en douceur, à rendre à César ce qui appartient à César. Mais si vous y avez fait votre apprentissage du principe d’autorité, vous traitiez toujours vos esclaves, j’en ai la conviction, avec votre amabilité de nature, et le soir ils dansaient gaiement la bamboula sous vos fenêtres.
Vous avez ainsi épousé la fortune, Monsieur, et la fortune vous a conduit à Paris. Toutefois veuillez comprendre ma pensée. Si je rappelle, en ce moment, votre point de départ, ce n’est pas pour vous en faire un reproche, mais au contraire un titre d’honneur. Être comme vous le fils de ses œuvres, qui ne doit qu’à lui-même sa place au soleil, voilà pour moi la noblesse ; je m’entends : la noblesse du travail, et celle-là vaut bien la noblesse de l’antichambre.
Pierre Clément Eugène Pelletan, né à Saint-Palais-sur-Mer le 29 octobre 1813 et mort à Paris le 13 décembre 1884, est un écrivain, journaliste et homme politique français.
Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
Je ne vous connais pas, Monsieur, et, sans chercher précisément à vous connaître, j’éprouve cependant pour vous une lointaine sympathie. Vous êtes un des hommes de ce temps-ci, qui prouve le mieux, par son exemple, la victoire de la démocratie sur l’ancien régime. Car, si je ne me trompe, autant et plus qu’aucun de nous, vous avez le droit d’invoquer la modestie du berceau.
Vous avez débuté dans le monde par l’état de mécanicien. Vous aviez le génie du coup de lime, vous êtes monté, du premier jour, au rang de contre-maître. Alors vous avez jeté un regard sur la France, et la trouvant encombrée de contre-maîtres, sans compter les maîtres, vous avez désespéré d’y trouver le placement de votre mérite. Vous avez cherché sur la mappemonde une terre digne de votre talent, et vous l’avez trouvée à l’île de la Réunion.
À votre entrée en scène, et comme lettre de naturalisation, vous y avez porté une manivelle ingénieuse pour la triture de la canne à sucre. Grâce au service que vous avez rendu à la fabrication de la cassonade, vous avez obtenu une place de confiance sur une plantation. Dans cette nouvelle fonction, vous avez eu à diriger le travail des nègres et à les dresser, en douceur, à rendre à César ce qui appartient à César. Mais si vous y avez fait votre apprentissage du principe d’autorité, vous traitiez toujours vos esclaves, j’en ai la conviction, avec votre amabilité de nature, et le soir ils dansaient gaiement la bamboula sous vos fenêtres.
Vous avez ainsi épousé la fortune, Monsieur, et la fortune vous a conduit à Paris. Toutefois veuillez comprendre ma pensée. Si je rappelle, en ce moment, votre point de départ, ce n’est pas pour vous en faire un reproche, mais au contraire un titre d’honneur. Être comme vous le fils de ses œuvres, qui ne doit qu’à lui-même sa place au soleil, voilà pour moi la noblesse ; je m’entends : la noblesse du travail, et celle-là vaut bien la noblesse de l’antichambre.
Pierre Clément Eugène Pelletan, né à Saint-Palais-sur-Mer le 29 octobre 1813 et mort à Paris le 13 décembre 1884, est un écrivain, journaliste et homme politique français.