Les Quatre Évangiles Tome II Travail

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Les Quatre Évangiles Tome II Travail by Emile Zola, Largau
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Author: Emile Zola ISBN: 1230000259170
Publisher: Largau Publication: August 9, 2014
Imprint: Language: French
Author: Emile Zola
ISBN: 1230000259170
Publisher: Largau
Publication: August 9, 2014
Imprint:
Language: French

Extrait du livre :

Dans sa promenade au hasard, Luc Froment, en sortant de Beauclair, avait remonté la route de Brias, qui suit la gorge où coule le torrent de la Mionne, entre les deux promontoires des monts Bleuses. Et, comme il arrivait devant l’Abîme, nom que portent dans le pays les Aciéries Qurignon, il aperçut, à l’angle du pont de bois, peureusement rasées contre le parapet, deux figures noires et chétives. Son cœur se serra. C’était une femme à l’air très jeune, pauvrement vêtue, la tête à demi cachée sous un lainage en loques ; et c’était un enfant, de six ans environ, à peine couvert, la face pâle, qui se tenait dans ses jupes. Tous les deux, les yeux fixés sur la porte de l’usine, attendaient, immobiles, avec la patience morne des désespérés.

Luc s’était arrêté, regardant lui aussi. Il allait être six heures, le jour baissait déjà, par cette humide et lamentable soirée du milieu de septembre. On était au samedi, et depuis le jeudi, la pluie n’avait pas cessé. Elle ne tombait plus, mais un vent impétueux continuait à chasser dans le ciel des nuages de suie, des haillons d’où filtrait un crépuscule sale et jaune, d’une tristesse de mort. La route, sillonnée de rails, aux gros pavés disjoints par les continuels charrois, roulait un fleuve de boue noire, toutes les poussières délayées des houillères prochaines de Brias, dont les tombereaux défilaient sans cesse. Et ces poussières de charbon, elles avaient noirci de leur deuil la gorge entière, elles ruisselaient en flaques sur l’amas lépreux des bâtiments de l’usine, elles semblaient salir jusqu’à ces nuages sombres qui passaient sans fin, ainsi que des fanées. Une mélancolie de désastre soufflait avec le vent, on eût dit que ce crépuscule frissonnant et louche apportait la fin d’un monde.

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Extrait du livre :

Dans sa promenade au hasard, Luc Froment, en sortant de Beauclair, avait remonté la route de Brias, qui suit la gorge où coule le torrent de la Mionne, entre les deux promontoires des monts Bleuses. Et, comme il arrivait devant l’Abîme, nom que portent dans le pays les Aciéries Qurignon, il aperçut, à l’angle du pont de bois, peureusement rasées contre le parapet, deux figures noires et chétives. Son cœur se serra. C’était une femme à l’air très jeune, pauvrement vêtue, la tête à demi cachée sous un lainage en loques ; et c’était un enfant, de six ans environ, à peine couvert, la face pâle, qui se tenait dans ses jupes. Tous les deux, les yeux fixés sur la porte de l’usine, attendaient, immobiles, avec la patience morne des désespérés.

Luc s’était arrêté, regardant lui aussi. Il allait être six heures, le jour baissait déjà, par cette humide et lamentable soirée du milieu de septembre. On était au samedi, et depuis le jeudi, la pluie n’avait pas cessé. Elle ne tombait plus, mais un vent impétueux continuait à chasser dans le ciel des nuages de suie, des haillons d’où filtrait un crépuscule sale et jaune, d’une tristesse de mort. La route, sillonnée de rails, aux gros pavés disjoints par les continuels charrois, roulait un fleuve de boue noire, toutes les poussières délayées des houillères prochaines de Brias, dont les tombereaux défilaient sans cesse. Et ces poussières de charbon, elles avaient noirci de leur deuil la gorge entière, elles ruisselaient en flaques sur l’amas lépreux des bâtiments de l’usine, elles semblaient salir jusqu’à ces nuages sombres qui passaient sans fin, ainsi que des fanées. Une mélancolie de désastre soufflait avec le vent, on eût dit que ce crépuscule frissonnant et louche apportait la fin d’un monde.

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