Author: | Nicolas de Condorcet | ISBN: | 1230000636674 |
Publisher: | Nicolas de Condorcet | Publication: | August 29, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Nicolas de Condorcet |
ISBN: | 1230000636674 |
Publisher: | Nicolas de Condorcet |
Publication: | August 29, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Épître dédicatoire aux nègres esclaves
Mes amis,
Quoique que je ne sois pas de la même couleur que vous, je vous ai toujours regardés comme mes freres. La nature vous a formés pour avoir le même esprit, la même raison, les mêmes vertus que les Blancs. Je ne parle ici que de ceux d’Europe, car pour les Blancs des Colonies, je ne vous fais pas l’injure de les comparer avec vous, je sais combien de fois votre fidélité, votre probité, votre courage ont fait rougir vos maîtres. Si on alloit chercher un homme dans les Isles de l’Amérique, ce ne seroit point parmi les gens de chair blanche qu’on le trouveroit.
Votre suffrage ne procure point de places dans les colonies, votre protection ne fait point obtenir de pensions, vous n’avez pas de quoi soudoyer les avocats ; il n’est donc pas étonnant que vos maîtres trouvent plus de gens qui se déshonorent en défendant leur cause, que vous n’en avez trouvés qui se soient honorés en défendant la vôtre. Il y a même des pays où ceux qui voudroient écrire en votre faveur n’en auroient point la liberté. Tous ceux qui se sont enrichis dans les Isles aux dépens de vos travaux et de vos souffrances, ont, à leur retour, le droit de vous insulter dans des libelles calomnieux ; mais il n’est point permis de leur répondre.
EXTRAIT:
Épître dédicatoire aux nègres esclaves
Mes amis,
Quoique que je ne sois pas de la même couleur que vous, je vous ai toujours regardés comme mes freres. La nature vous a formés pour avoir le même esprit, la même raison, les mêmes vertus que les Blancs. Je ne parle ici que de ceux d’Europe, car pour les Blancs des Colonies, je ne vous fais pas l’injure de les comparer avec vous, je sais combien de fois votre fidélité, votre probité, votre courage ont fait rougir vos maîtres. Si on alloit chercher un homme dans les Isles de l’Amérique, ce ne seroit point parmi les gens de chair blanche qu’on le trouveroit.
Votre suffrage ne procure point de places dans les colonies, votre protection ne fait point obtenir de pensions, vous n’avez pas de quoi soudoyer les avocats ; il n’est donc pas étonnant que vos maîtres trouvent plus de gens qui se déshonorent en défendant leur cause, que vous n’en avez trouvés qui se soient honorés en défendant la vôtre. Il y a même des pays où ceux qui voudroient écrire en votre faveur n’en auroient point la liberté. Tous ceux qui se sont enrichis dans les Isles aux dépens de vos travaux et de vos souffrances, ont, à leur retour, le droit de vous insulter dans des libelles calomnieux ; mais il n’est point permis de leur répondre.