Author: | Alfred Jarry | ISBN: | 1230000712507 |
Publisher: | NA | Publication: | October 9, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alfred Jarry |
ISBN: | 1230000712507 |
Publisher: | NA |
Publication: | October 9, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ubu, monument de la dramaturgie française, s'ouvre sur ce juron étonnant qui trouve ses origines dans l'esprit moqueur d'un lycéen rennais. Jarry n'a en effet que quinze ans lorsqu'il compose, dans la veine des gestes médiévales, cette pièce aux accents de grosse farce. Ubu, héros de troisième ordre qui synthétise à lui seul tous les travers humains possibles, devient roi de Pologne par un régicide grotesque. Son règne, sa déchéance et les savoureux dialogues qu'il échange avec la mère Ubu, manière de Lady Macbeth, la dimension tragique en moins, constituent les cinq actes de cette pièce conçue à l'origine comme un spectacle de marionnettes.
Ce livre comporte une table des matières dynamique.
Extrait:
ACTE PREMIER
Scène Première
PÈRE UBU, MÈRE UBU
PÈRE UBU, s’avance et ne dit rien.
MÈRE UBU
Quoi ! tu ne dis rien, Père Ubu. As-tu donc oublié le mot ?
PÈRE UBU
Mère… Ubu ! je ne veux plus prononcer le mot, il m’a valu trop de désagréments.
MÈRE UBU
Comment, des désagréments ! Le trône de Pologne, la grande capeline, le parapluie…
PÈRE UBU
Mère Ubu, je ne tiens plus au parapluie, c’est trop difficile à manœuvrer, j’aurai plus tôt fait, par ma science en physique, d’empêcher de pleuvoir !
MÈRE UBU
Sotte bourrique !… les biens des nobles confisqués. les impôts perçus près de trois fois, mon aimable présence à ton réveil dans la caverne de l’ours, le passage gratuit sur le navire qui nous ramena en France, où, par la vertu de ce bienheureux mot, tu vas être nommé quand il te plaira Maître des Finances ! Nous voici en France, Père Ubu. Est-ce le moment de ne plus savoir parler français ?
PÈRE UBU
Cornegidouille. Mère Ubu, je parlais français quand nous étions en Pologne ; cela n’a pas empêché le jeune Bougrelas de me découdre la boudouille, le capitaine Bordure de me trahir de la façon la plus indigne, le Czar de faire peur à mon cheval à phynances en se laissant sottement tomber dans un fossé, les ennemis de tirer, malgré nos recommandations, du côté de notre précieuse personne ; l’ours de déchirer nos palotins, bien que nous lui parlassions latin de sur notre rocher, et vous, madame notre épouse, de dilapider nos trésors et les douze sous par jour de notre cheval à phynances !
MÈRE UBU
Oublie comme moi ces petites misères. Mais de quoi vivrons-nous si tu ne veux plus être Maître des Finances ni roi ?
PÈRE UBU
Du travail de nos mains, Mère Ubu !
MÈRE UBU
Comment, Père Ubu, tu veux assommer les passants ?
PÈRE UBU
Oh non ! ils n’auraient qu’à me rendre les coups ! Je veux être bon pour les passants, être utile aux passants, travailler pour les passants, Mère Ubu. Puisque nous sommes dans le pays où la liberté est égale à la fraternité, laquelle n’est comparable qu’à l’égalité de la légalité, et que je ne suis pas capable de
Ubu, monument de la dramaturgie française, s'ouvre sur ce juron étonnant qui trouve ses origines dans l'esprit moqueur d'un lycéen rennais. Jarry n'a en effet que quinze ans lorsqu'il compose, dans la veine des gestes médiévales, cette pièce aux accents de grosse farce. Ubu, héros de troisième ordre qui synthétise à lui seul tous les travers humains possibles, devient roi de Pologne par un régicide grotesque. Son règne, sa déchéance et les savoureux dialogues qu'il échange avec la mère Ubu, manière de Lady Macbeth, la dimension tragique en moins, constituent les cinq actes de cette pièce conçue à l'origine comme un spectacle de marionnettes.
Ce livre comporte une table des matières dynamique.
Extrait:
ACTE PREMIER
Scène Première
PÈRE UBU, MÈRE UBU
PÈRE UBU, s’avance et ne dit rien.
MÈRE UBU
Quoi ! tu ne dis rien, Père Ubu. As-tu donc oublié le mot ?
PÈRE UBU
Mère… Ubu ! je ne veux plus prononcer le mot, il m’a valu trop de désagréments.
MÈRE UBU
Comment, des désagréments ! Le trône de Pologne, la grande capeline, le parapluie…
PÈRE UBU
Mère Ubu, je ne tiens plus au parapluie, c’est trop difficile à manœuvrer, j’aurai plus tôt fait, par ma science en physique, d’empêcher de pleuvoir !
MÈRE UBU
Sotte bourrique !… les biens des nobles confisqués. les impôts perçus près de trois fois, mon aimable présence à ton réveil dans la caverne de l’ours, le passage gratuit sur le navire qui nous ramena en France, où, par la vertu de ce bienheureux mot, tu vas être nommé quand il te plaira Maître des Finances ! Nous voici en France, Père Ubu. Est-ce le moment de ne plus savoir parler français ?
PÈRE UBU
Cornegidouille. Mère Ubu, je parlais français quand nous étions en Pologne ; cela n’a pas empêché le jeune Bougrelas de me découdre la boudouille, le capitaine Bordure de me trahir de la façon la plus indigne, le Czar de faire peur à mon cheval à phynances en se laissant sottement tomber dans un fossé, les ennemis de tirer, malgré nos recommandations, du côté de notre précieuse personne ; l’ours de déchirer nos palotins, bien que nous lui parlassions latin de sur notre rocher, et vous, madame notre épouse, de dilapider nos trésors et les douze sous par jour de notre cheval à phynances !
MÈRE UBU
Oublie comme moi ces petites misères. Mais de quoi vivrons-nous si tu ne veux plus être Maître des Finances ni roi ?
PÈRE UBU
Du travail de nos mains, Mère Ubu !
MÈRE UBU
Comment, Père Ubu, tu veux assommer les passants ?
PÈRE UBU
Oh non ! ils n’auraient qu’à me rendre les coups ! Je veux être bon pour les passants, être utile aux passants, travailler pour les passants, Mère Ubu. Puisque nous sommes dans le pays où la liberté est égale à la fraternité, laquelle n’est comparable qu’à l’égalité de la légalité, et que je ne suis pas capable de