Author: | EUGÈNE DICK | ISBN: | 1230001111224 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | May 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | EUGÈNE DICK |
ISBN: | 1230001111224 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | May 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Il y a un peu plus d’une cinquantaine d’années, — en face du Grand Mécatina, sur la côte du Labrador, — vivait une pauvre famille de pêcheurs, composée du père, de la mère, de deux enfants (un garçon et une fille), et du cousin de ces derniers.
Le chef de la famille s’appelait Labarou ; le fils, Arthur, et le cousin, Gaspard.
Quant aux deux femmes, l’une répondait au nom de mère Hélène et l’autre au sobriquet de Mimie.
Tout ce petit monde vivait en parfaite intelligence, se contentait de peu et n’avait pas la moindre idée que l’on fût plus heureux ailleurs que sur cette lisière de côte désolée qu’il habitait.
Pour peu que la pêche allât bien, que la tempête ne vînt pas démolir la barque ou abîmer les filets et que le hareng, la morue et le maquereau fissent leur migration au temps voulu, on n’en demandait pas davantage.
L’automne et le printemps, une goélette de cabotage parcourait cette partie de la côte, approvisionnant les pêcheurs échelonnés ça et là, achetait leur poisson et les quittait pour ne revenir qu’à la nouvelle saison navigable.
Quelquefois cette goélette avait à son bord un missionnaire, chargé des intérêts spirituels de cette vaste étendue de pays.
Et cette visite bisannuelle, impatiemment attendue, constituait tout le commerce qu’avait avec le reste de l’humanité la petite colonie de Kécarpoui.
Car c’était sur la rive droite de la rivière Kécarpoui, à son embouchure même dans le fond de la baie du même nom, que la famille Labarou avait assis son établissement.
Cela remontait à 1840.
Un soir de cette année-là, en juillet, une barque de pêche lourdement chargée abordait sur cette plage.
Elle portait les Labarou et tout ce qu’ils possédaient : articles de ménage, provisions et agrès.
Le père, — un Français des îles Miquelon, — fuyait la justice de la colonie lancée à ses trousses pour le meurtre d’un camarade, commis dans une de ces rixes si fréquentes entre pêcheurs et matelots, lorsqu’ils arrosent trop largement le plaisir qu’ils éprouvent de se retrouver sur le plancher des vaches.
Il s’était dit avec raison que le diable lui-même n’oserait pas l’aller chercher au fond de ces fiords bizarrement découpés qui dentellent le littoral du Labrador.
Le fait est que les hasards de sa fuite précipitée avaient merveilleusement servi Labarou.
Extrait :
Il y a un peu plus d’une cinquantaine d’années, — en face du Grand Mécatina, sur la côte du Labrador, — vivait une pauvre famille de pêcheurs, composée du père, de la mère, de deux enfants (un garçon et une fille), et du cousin de ces derniers.
Le chef de la famille s’appelait Labarou ; le fils, Arthur, et le cousin, Gaspard.
Quant aux deux femmes, l’une répondait au nom de mère Hélène et l’autre au sobriquet de Mimie.
Tout ce petit monde vivait en parfaite intelligence, se contentait de peu et n’avait pas la moindre idée que l’on fût plus heureux ailleurs que sur cette lisière de côte désolée qu’il habitait.
Pour peu que la pêche allât bien, que la tempête ne vînt pas démolir la barque ou abîmer les filets et que le hareng, la morue et le maquereau fissent leur migration au temps voulu, on n’en demandait pas davantage.
L’automne et le printemps, une goélette de cabotage parcourait cette partie de la côte, approvisionnant les pêcheurs échelonnés ça et là, achetait leur poisson et les quittait pour ne revenir qu’à la nouvelle saison navigable.
Quelquefois cette goélette avait à son bord un missionnaire, chargé des intérêts spirituels de cette vaste étendue de pays.
Et cette visite bisannuelle, impatiemment attendue, constituait tout le commerce qu’avait avec le reste de l’humanité la petite colonie de Kécarpoui.
Car c’était sur la rive droite de la rivière Kécarpoui, à son embouchure même dans le fond de la baie du même nom, que la famille Labarou avait assis son établissement.
Cela remontait à 1840.
Un soir de cette année-là, en juillet, une barque de pêche lourdement chargée abordait sur cette plage.
Elle portait les Labarou et tout ce qu’ils possédaient : articles de ménage, provisions et agrès.
Le père, — un Français des îles Miquelon, — fuyait la justice de la colonie lancée à ses trousses pour le meurtre d’un camarade, commis dans une de ces rixes si fréquentes entre pêcheurs et matelots, lorsqu’ils arrosent trop largement le plaisir qu’ils éprouvent de se retrouver sur le plancher des vaches.
Il s’était dit avec raison que le diable lui-même n’oserait pas l’aller chercher au fond de ces fiords bizarrement découpés qui dentellent le littoral du Labrador.
Le fait est que les hasards de sa fuite précipitée avaient merveilleusement servi Labarou.