Author: | Lilian Bathelot | ISBN: | 9782814553927 |
Publisher: | publie.net | Publication: | March 20, 2012 |
Imprint: | publie.net | Language: | French |
Author: | Lilian Bathelot |
ISBN: | 9782814553927 |
Publisher: | publie.net |
Publication: | March 20, 2012 |
Imprint: | publie.net |
Language: | French |
"Le café avait un goût de terre, le fin gobelet de plastique blanc brûlait les doigts. Elle leva la tête, cherchant de l’air peut-être. Un carré de ciel laiteux se découpait sur l’obscurité, là-haut, par-delà les murs lépreux. Trois murs aveugles dont le crépi partait en plaques géographiques, le dernier percé de petites fenêtres sales en enfilade verticale : une cage d’escalier. Fanny hocha la tête.
Chardin l’interrogea du regard, croyant qu’elle avait décliqué sur quelque chose. Elle haussa les épaules. Non. C’est juste l’idée que la fille avait dû être balancée par une de ces fenêtres qui lui avait traversé l’esprit, et elle avait hoché machinalement.
Elle changea le gobelet de main, agita brièvement les doigts pour dissiper la chaleur et souffla sur le liquide fumant. Les fumeroles s’enroulaient dans la lumière jaune de l’ampoule de la cour. Le mistral était tombé. De molles entrées maritimes portaient la vague promesse d’embruns mêlée à la lointaine rumeur du port qui s’éveille.
Les trois hommes, deux petits et un plus grand tout vêtus de sombre, se tenaient identiquement raides, empotés dans la lumière sombre, les bras ballants. Et quand Fanny claqua des lèvres, les regards sautèrent sur elle. Elle allait décider, donner des consignes, lancer la machine. Dans la moindre série américaine, une armée de spécialistes s’activerait déjà à passer au crible la scène du crime. Mais Fanny n’avait rien d’une américaine, s’était levée du pied gauche avec une humeur de vive et n’articula qu’un seul mot :
– Dégueu...
– Encore heureux qu’il y en ait, lieutenant, essaya Chardin qui s’était cassé le cul à enfiler dans la thermos le liquide noir qu’il avait extorqué à la cafetière du commissariat."
"Le café avait un goût de terre, le fin gobelet de plastique blanc brûlait les doigts. Elle leva la tête, cherchant de l’air peut-être. Un carré de ciel laiteux se découpait sur l’obscurité, là-haut, par-delà les murs lépreux. Trois murs aveugles dont le crépi partait en plaques géographiques, le dernier percé de petites fenêtres sales en enfilade verticale : une cage d’escalier. Fanny hocha la tête.
Chardin l’interrogea du regard, croyant qu’elle avait décliqué sur quelque chose. Elle haussa les épaules. Non. C’est juste l’idée que la fille avait dû être balancée par une de ces fenêtres qui lui avait traversé l’esprit, et elle avait hoché machinalement.
Elle changea le gobelet de main, agita brièvement les doigts pour dissiper la chaleur et souffla sur le liquide fumant. Les fumeroles s’enroulaient dans la lumière jaune de l’ampoule de la cour. Le mistral était tombé. De molles entrées maritimes portaient la vague promesse d’embruns mêlée à la lointaine rumeur du port qui s’éveille.
Les trois hommes, deux petits et un plus grand tout vêtus de sombre, se tenaient identiquement raides, empotés dans la lumière sombre, les bras ballants. Et quand Fanny claqua des lèvres, les regards sautèrent sur elle. Elle allait décider, donner des consignes, lancer la machine. Dans la moindre série américaine, une armée de spécialistes s’activerait déjà à passer au crible la scène du crime. Mais Fanny n’avait rien d’une américaine, s’était levée du pied gauche avec une humeur de vive et n’articula qu’un seul mot :
– Dégueu...
– Encore heureux qu’il y en ait, lieutenant, essaya Chardin qui s’était cassé le cul à enfiler dans la thermos le liquide noir qu’il avait extorqué à la cafetière du commissariat."