La Flèche noire

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book La Flèche noire by Robert Louis Stevenson, NA
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Author: Robert Louis Stevenson ISBN: 1230000246567
Publisher: NA Publication: June 14, 2014
Imprint: Language: French
Author: Robert Louis Stevenson
ISBN: 1230000246567
Publisher: NA
Publication: June 14, 2014
Imprint:
Language: French

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.

Extrait: Jean Répare-tout

Certaine après-midi, vers la fin du printemps, on entendit la cloche de Moat-House, à Tunstall, sonner à une heure inaccoutumée. Au loin et auprès, dans la forêt et dans les champs, le long de la rivière, les gens, quittant leurs travaux, se hâtèrent vers le son, et, dans le hameau de Tunstall, un groupe de pauvres paysans était étonné de l’appel.
Le hameau de Tunstall à cette époque, sous le règne de Henri VI, avait à peu près la même apparence qu’aujourd’hui. Une vingtaine de maisons environ, lourdement charpentées de chêne, étaient disséminées dans une longue vallée verdoyante, étagées au-dessus de la rivière. Au pied, la route traversait un pont, et montant de l’autre côté, disparaissait à la limite de la forêt dans la direction de Moat-House, et, plus loin, de l’abbaye de Holywood. À mi-chemin dans le village se trouvait l’église, entourée d’ifs. De chaque côté, les talus étaient couronnés, et la vue bornée par les ormes verts et les chênes sombres de la forêt.
Tout près du pont, il y avait une croix de pierre sur un monticule, et c’est là que le groupe s’était réuni – une demi-douzaine de femmes et un grand garçon vêtu d’une blouse rougeâtre – se demandant ce qu’annonçait la cloche. Une demi-heure avant, un messager avait traversé le village et bu un pot de bière sans descendre de cheval, tant son message était urgent ; mais il ignorait lui-même ce qui se passait, et simplement portait des lettres scellées de Sir Daniel Brackley à Sir Olivier Oates, le prêtre qui gardait Moat-House pendant l’absence du maître.
Mais voici maintenant de nouveau le bruit d’un cheval, et bientôt, sortant de la lisière du bois, et faisant résonner le pont, galopait maître Richard Shelton, le pupille de Sir Daniel. Lui, au moins, saurait quelque chose, et ils l’interpellèrent et lui demandèrent des explications. Il s’arrêta volontiers. C’était un jeune garçon de près de dix-huit ans, bruni par le soleil, aux yeux gris, vêtu d’une jaquette de peau de daim avec un col de velours noir, une toque verte sur la tête, et un arc d’acier sur le dos. Le messager, semblait-il, avait apporté de grandes nouvelles ; une bataille était imminente ; Sir Daniel avait envoyé l’ordre que tout homme capable de tirer de l’arc ou de porter une hache se rendît en toute hâte à Kettley, sous peine de lui déplaire gravement ; mais, quant à savoir pour qui ou pour quoi on se battait, Dick n’en savait rien. Sir Olivier devait venir bientôt et Bennet Hatch s’armait en ce moment même, car c’était lui qui devait conduire la troupe.
– C’est la ruine de ce bon pays, dit une femme. Si les barons vivent en guerre, les laboureurs vont manger des racines.
– Non, dit Dick, tous ceux qui suivront recevront douze sols par jour, et les archers vingt-quatre.
– S’ils vivent, ça pourra aller, répliqua la femme. Mais s’ils meurent, mon maître ?
– Ils ne peuvent mieux mourir que pour leur seigneur naturel, dit Dick.
– Il n’est pas mon seigneur naturel, dit l’homme à la blouse ; j’ai suivi les Walsinghams, comme nous l’avons tous fait, là-bas, au chemin de Brierley, jusqu’il y aura deux ans, vienne la Chandeleur. Et maintenant il faut que je sois du côté de Brackley. C’est la loi qui a fait cela. Appelez-vous ça naturel ? moi à présent, avec Sir Daniel et Sir Olivier – qui s’y connaît mieux en lois qu’en honnêteté – je n’ai pas d’autre seigneur naturel que le pauvre-roi Henri VI, que Dieu bénisse ! – le pauvre malheureux qui ne reconnaît pas sa main droite de sa gauche.
– Voilà de vilaines paroles, l’ami, répondit Dick, vous calomniez à la fois votre bon maître et le Seigneur mon roi ; mais le roi Henri, – loués soient les saints ! – a retrouvé la raison et fera tout rentrer paisiblement dans l’ordre. Quant à Sir Daniel, vous êtes très brave derrière son dos. Mais je ne suis pas un rapporteur ; assez là-dessus.
– Je ne dis pas de mal de vous, maître Richard, répliqua le paysan.

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Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.

Extrait: Jean Répare-tout

Certaine après-midi, vers la fin du printemps, on entendit la cloche de Moat-House, à Tunstall, sonner à une heure inaccoutumée. Au loin et auprès, dans la forêt et dans les champs, le long de la rivière, les gens, quittant leurs travaux, se hâtèrent vers le son, et, dans le hameau de Tunstall, un groupe de pauvres paysans était étonné de l’appel.
Le hameau de Tunstall à cette époque, sous le règne de Henri VI, avait à peu près la même apparence qu’aujourd’hui. Une vingtaine de maisons environ, lourdement charpentées de chêne, étaient disséminées dans une longue vallée verdoyante, étagées au-dessus de la rivière. Au pied, la route traversait un pont, et montant de l’autre côté, disparaissait à la limite de la forêt dans la direction de Moat-House, et, plus loin, de l’abbaye de Holywood. À mi-chemin dans le village se trouvait l’église, entourée d’ifs. De chaque côté, les talus étaient couronnés, et la vue bornée par les ormes verts et les chênes sombres de la forêt.
Tout près du pont, il y avait une croix de pierre sur un monticule, et c’est là que le groupe s’était réuni – une demi-douzaine de femmes et un grand garçon vêtu d’une blouse rougeâtre – se demandant ce qu’annonçait la cloche. Une demi-heure avant, un messager avait traversé le village et bu un pot de bière sans descendre de cheval, tant son message était urgent ; mais il ignorait lui-même ce qui se passait, et simplement portait des lettres scellées de Sir Daniel Brackley à Sir Olivier Oates, le prêtre qui gardait Moat-House pendant l’absence du maître.
Mais voici maintenant de nouveau le bruit d’un cheval, et bientôt, sortant de la lisière du bois, et faisant résonner le pont, galopait maître Richard Shelton, le pupille de Sir Daniel. Lui, au moins, saurait quelque chose, et ils l’interpellèrent et lui demandèrent des explications. Il s’arrêta volontiers. C’était un jeune garçon de près de dix-huit ans, bruni par le soleil, aux yeux gris, vêtu d’une jaquette de peau de daim avec un col de velours noir, une toque verte sur la tête, et un arc d’acier sur le dos. Le messager, semblait-il, avait apporté de grandes nouvelles ; une bataille était imminente ; Sir Daniel avait envoyé l’ordre que tout homme capable de tirer de l’arc ou de porter une hache se rendît en toute hâte à Kettley, sous peine de lui déplaire gravement ; mais, quant à savoir pour qui ou pour quoi on se battait, Dick n’en savait rien. Sir Olivier devait venir bientôt et Bennet Hatch s’armait en ce moment même, car c’était lui qui devait conduire la troupe.
– C’est la ruine de ce bon pays, dit une femme. Si les barons vivent en guerre, les laboureurs vont manger des racines.
– Non, dit Dick, tous ceux qui suivront recevront douze sols par jour, et les archers vingt-quatre.
– S’ils vivent, ça pourra aller, répliqua la femme. Mais s’ils meurent, mon maître ?
– Ils ne peuvent mieux mourir que pour leur seigneur naturel, dit Dick.
– Il n’est pas mon seigneur naturel, dit l’homme à la blouse ; j’ai suivi les Walsinghams, comme nous l’avons tous fait, là-bas, au chemin de Brierley, jusqu’il y aura deux ans, vienne la Chandeleur. Et maintenant il faut que je sois du côté de Brackley. C’est la loi qui a fait cela. Appelez-vous ça naturel ? moi à présent, avec Sir Daniel et Sir Olivier – qui s’y connaît mieux en lois qu’en honnêteté – je n’ai pas d’autre seigneur naturel que le pauvre-roi Henri VI, que Dieu bénisse ! – le pauvre malheureux qui ne reconnaît pas sa main droite de sa gauche.
– Voilà de vilaines paroles, l’ami, répondit Dick, vous calomniez à la fois votre bon maître et le Seigneur mon roi ; mais le roi Henri, – loués soient les saints ! – a retrouvé la raison et fera tout rentrer paisiblement dans l’ordre. Quant à Sir Daniel, vous êtes très brave derrière son dos. Mais je ne suis pas un rapporteur ; assez là-dessus.
– Je ne dis pas de mal de vous, maître Richard, répliqua le paysan.

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