La légende d'un peuple

Fiction & Literature, Poetry
Cover of the book La légende d'un peuple by Louis-Honoré Fréchette, NA
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Author: Louis-Honoré Fréchette ISBN: 1230000250392
Publisher: NA Publication: July 6, 2014
Imprint: Language: French
Author: Louis-Honoré Fréchette
ISBN: 1230000250392
Publisher: NA
Publication: July 6, 2014
Imprint:
Language: French

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait:L'Amérique

I

Quand, dans ses haltes indécises,
Le genre humain, tout effaré,
Ébranlait les vastes assises
Du monde mal équilibré ;

Étouffant les vieilles doctrines,
Quand le ferment des jours nouveaux
Montait dans toutes les poitrines,
Et germait dans tous les cerveaux ;

Quand l’homme, clignant la paupière
Devant chaque rayon qui luit,
De son crâne frappait la pierre
Qui toujours retombait sur lui ;

Quand le siècle, dans son délire,
Passant la main sur son front nu,
Désespéré, tâchait de lire
Le problème de l’inconnu ;

Quand, sentant sa décrépitude,
Enfin, l’univers aux abois
De l’éternelle servitude
Songeait à secouer le poids ;

Sous ta baguette qui féconde,
Colomb, puissant magicien,
Tu fis surgir le nouveau monde
Pour rajeunir le monde ancien.

Oui, l’humanité vers l’abîme
Marchait dans l’ombre en chancelant,
Lorsque, de ton geste sublime,
Tu l’arrêtas dans son élan.

Tu lui montrais, comme Moïse,
Au bout de ton doigt souverain,
La moderne terre promise :
Un univers vierge et serein !

Hémisphère aux rives sauvages,
Étalant, comme l’Hélicon,
Libre des antiques servages,
Sous l’oeil des cieux son flanc fécond.

Oui, toute une moitié du globe
Dénouant, spectacle inouï,
Les plis flamboyants de sa robe
Aux yeux du vieux monde ébloui !

Quel moment ! quelle phase immense !
Ce pas, marqué par Jéhova,
C’est tout un passé qui s’en va,
Tout un avenir qui commence !

II

Amérique ! – salut à toi, beau sol natal !
Toi, la reine et l’orgueil du ciel occidental !
Toi qui, comme Vénus, montas du sein de l’onde,
Et du poids de ta conque équilibras le monde !

Quand, le front couronné de tes arbres géants.
Tu sortis, vierge encor, du sein des océans,
Fraîche, et le sein baigné de lueurs éclatantes ;
Quand, secouant leurs flots de lianes flottantes,
Tes grands bois ténébreux, tout pleins d’oiseaux chanteurs,
Imprégnèrent les vents de leurs âcres senteurs ;
Quand ton mouvant réseau d’aurores boréales
Révéla les splendeurs de tes nuits idéales ;
Quand tes fleuves sans fin, quand tes sommets neigeux,
Tes tropiques brûlants, tes pôles orageux,
Eurent montré de loin leurs grandeurs infinies,
Niagaras grondants ! blondes Californies !
Amérique ! au contact de ta jeune beauté,
On sentit reverdir la vieille humanité !

Car ce ne fut pas tant vers des rives nouvelles
Que l’austère Colomb guida ses caravelles,
Que vers un port sublime où tout le genre humain
Avec fraternité pût se donner la main ;
Un port où l’homme osât, sans remords et sans crainte,
Vivre libre, au soleil de la liberté sainte !

C’est ce port idéal que Colomb a trouvé.
Mais qui croira jamais que Colomb ait rêvé
Les bienfaits infinis dont il dotait notre ère ?
Ah non ! même en luttant contre le sort contraire,
Raillé par l’ignorance, en butte au préjugé,
Rebuté mille fois, jamais découragé,
Ce Génois immortel ou ce Corse sublime
Entrevoyait à peine une lueur infime
– Quand à San Salvador il pliait les genoux –
Du radieux soleil qu’il allumait pour nous.

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Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait:L'Amérique

I

Quand, dans ses haltes indécises,
Le genre humain, tout effaré,
Ébranlait les vastes assises
Du monde mal équilibré ;

Étouffant les vieilles doctrines,
Quand le ferment des jours nouveaux
Montait dans toutes les poitrines,
Et germait dans tous les cerveaux ;

Quand l’homme, clignant la paupière
Devant chaque rayon qui luit,
De son crâne frappait la pierre
Qui toujours retombait sur lui ;

Quand le siècle, dans son délire,
Passant la main sur son front nu,
Désespéré, tâchait de lire
Le problème de l’inconnu ;

Quand, sentant sa décrépitude,
Enfin, l’univers aux abois
De l’éternelle servitude
Songeait à secouer le poids ;

Sous ta baguette qui féconde,
Colomb, puissant magicien,
Tu fis surgir le nouveau monde
Pour rajeunir le monde ancien.

Oui, l’humanité vers l’abîme
Marchait dans l’ombre en chancelant,
Lorsque, de ton geste sublime,
Tu l’arrêtas dans son élan.

Tu lui montrais, comme Moïse,
Au bout de ton doigt souverain,
La moderne terre promise :
Un univers vierge et serein !

Hémisphère aux rives sauvages,
Étalant, comme l’Hélicon,
Libre des antiques servages,
Sous l’oeil des cieux son flanc fécond.

Oui, toute une moitié du globe
Dénouant, spectacle inouï,
Les plis flamboyants de sa robe
Aux yeux du vieux monde ébloui !

Quel moment ! quelle phase immense !
Ce pas, marqué par Jéhova,
C’est tout un passé qui s’en va,
Tout un avenir qui commence !

II

Amérique ! – salut à toi, beau sol natal !
Toi, la reine et l’orgueil du ciel occidental !
Toi qui, comme Vénus, montas du sein de l’onde,
Et du poids de ta conque équilibras le monde !

Quand, le front couronné de tes arbres géants.
Tu sortis, vierge encor, du sein des océans,
Fraîche, et le sein baigné de lueurs éclatantes ;
Quand, secouant leurs flots de lianes flottantes,
Tes grands bois ténébreux, tout pleins d’oiseaux chanteurs,
Imprégnèrent les vents de leurs âcres senteurs ;
Quand ton mouvant réseau d’aurores boréales
Révéla les splendeurs de tes nuits idéales ;
Quand tes fleuves sans fin, quand tes sommets neigeux,
Tes tropiques brûlants, tes pôles orageux,
Eurent montré de loin leurs grandeurs infinies,
Niagaras grondants ! blondes Californies !
Amérique ! au contact de ta jeune beauté,
On sentit reverdir la vieille humanité !

Car ce ne fut pas tant vers des rives nouvelles
Que l’austère Colomb guida ses caravelles,
Que vers un port sublime où tout le genre humain
Avec fraternité pût se donner la main ;
Un port où l’homme osât, sans remords et sans crainte,
Vivre libre, au soleil de la liberté sainte !

C’est ce port idéal que Colomb a trouvé.
Mais qui croira jamais que Colomb ait rêvé
Les bienfaits infinis dont il dotait notre ère ?
Ah non ! même en luttant contre le sort contraire,
Raillé par l’ignorance, en butte au préjugé,
Rebuté mille fois, jamais découragé,
Ce Génois immortel ou ce Corse sublime
Entrevoyait à peine une lueur infime
– Quand à San Salvador il pliait les genoux –
Du radieux soleil qu’il allumait pour nous.

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