Author: | Catulle Mendès | ISBN: | 1230000864954 |
Publisher: | CP | Publication: | December 30, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Catulle Mendès |
ISBN: | 1230000864954 |
Publisher: | CP |
Publication: | December 30, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce qui est bon le matin quand on s’éveille pour la journée de travail, c’est de s’asseoir dans la salle basse de la ferme, entre les cuivres que le jour nouveau fait reluire, devant la table de sapin bien lavée, et là, de manger, pesamment accoudé, de longues émincées de pain noir, trempées dans le bon lait qui mousse au rebord de la jatte.
Vingt-neuf ans, forts bras nus et gorge de nourrice, face rosâtre à la peau pleine sous la cotonnade rouge de la coiffe basquaise, la Cadije se campa au bas de l’escalier, et cria, les poings sur les hanches :
— Dieu vivant ! sont-ils sourds, ceux de là-haut ? Hé, le père ! Hé, l’homme ! Hé, le petit ! N’avez-vous pas honte de dormir, après que je suis levée ? Est-ce la mode maintenant que la poule chante avant les coqs ?
Une ferme de bon rapport et bien plaisante à l’œil, — deux arpents, pas une acre de plus, mais deux arpents de grasse terre, clos d’une haie épaisse, — une ferme où, sous les pommiers régulièrement espacés, caquètent dans le gazon, nasillent dans la mare, gloussent dans le trou à fumier, poulettes et poulets, canes et canards, dindes et dindons, c’est de quoi suffire à l’ambition d’une fermière ; et la Cadije se jugeait heureuse entre ses arbres fruitiers et ses bêtes ; allant, venant du matin au soir, travaillant comme pas une, contente, familière aux gens, pas toujours « commode » d’ailleurs, car il faut bien jordonner quelquefois pour se faire obéir des animaux et des personnes.
Ce qui est bon le matin quand on s’éveille pour la journée de travail, c’est de s’asseoir dans la salle basse de la ferme, entre les cuivres que le jour nouveau fait reluire, devant la table de sapin bien lavée, et là, de manger, pesamment accoudé, de longues émincées de pain noir, trempées dans le bon lait qui mousse au rebord de la jatte.
Vingt-neuf ans, forts bras nus et gorge de nourrice, face rosâtre à la peau pleine sous la cotonnade rouge de la coiffe basquaise, la Cadije se campa au bas de l’escalier, et cria, les poings sur les hanches :
— Dieu vivant ! sont-ils sourds, ceux de là-haut ? Hé, le père ! Hé, l’homme ! Hé, le petit ! N’avez-vous pas honte de dormir, après que je suis levée ? Est-ce la mode maintenant que la poule chante avant les coqs ?
Une ferme de bon rapport et bien plaisante à l’œil, — deux arpents, pas une acre de plus, mais deux arpents de grasse terre, clos d’une haie épaisse, — une ferme où, sous les pommiers régulièrement espacés, caquètent dans le gazon, nasillent dans la mare, gloussent dans le trou à fumier, poulettes et poulets, canes et canards, dindes et dindons, c’est de quoi suffire à l’ambition d’une fermière ; et la Cadije se jugeait heureuse entre ses arbres fruitiers et ses bêtes ; allant, venant du matin au soir, travaillant comme pas une, contente, familière aux gens, pas toujours « commode » d’ailleurs, car il faut bien jordonner quelquefois pour se faire obéir des animaux et des personnes.