Le patriote

Littérature canadienne; roman d'aventures

Fiction & Literature, Action Suspense, Historical
Cover of the book Le patriote by Jean Féron ( Joseph-Marc Lebel ), er
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Author: Jean Féron ( Joseph-Marc Lebel ) ISBN: 1230001594812
Publisher: er Publication: March 16, 2017
Imprint: Language: French
Author: Jean Féron ( Joseph-Marc Lebel )
ISBN: 1230001594812
Publisher: er
Publication: March 16, 2017
Imprint:
Language: French

Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mise en page pour une lecture sur liseuse électronique.

Extrait :

En 1838, la ville de New-York n’était pas ce que nous la pouvons voir aujourd’hui ; mais elle était déjà très importante par son gros commerce. Hâtivement bâtie à l’embouchure de la rivière Hudson, elle n’avait pas la symétrie et la correction de ligne qu’on lui trouve de nos jours, et on ne l’avait pas encore décorée de ses mille tours de Babel. Elle n’était pas encore devenue la capitale de la finance juive ; en 1838, New-York était le lot presque exclusif de commerçants d’origine anglaise, et sa société, en dépit de certaines originalités qu’on s’efforçait d’inventer, et en dépit également de son puritanisme trop affecté, demeurait une société purement anglaise.

 

Seulement, comme on venait de se séparer du régime britannique, il importait de changer ses habitudes, son mode de vivre, son costume, sa façon de parler. On ne voulait plus être anglais, mais des « Américains », et que les Anglais, par revanche ou ironie, surnommèrent « Yankees ». Tout de même, ces Américains ne pouvaient ignorer que leur prétention n’effaçait nullement leur origine, et c’est peut-être à cause de cette reconnaissance même qu’ils continuaient de demeurer de vrais Anglo-Saxons. Ensuite, dans les nouveaux États américains, tout comme en Angleterre, on était bien forcé d’ouvrir ou de fermer les portes, puisqu’on avait là aussi des portes à fermer ou à ouvrir. Mais voilà, nos étranges voisins eurent l’air de prétendre que les portes pouvaient être fermées et ouvertes d’une toute autre façon. Plus tard ils eurent raison positivement : car ils avaient réussi à modifier leur physionomie ethnique, leurs allures et leur langage qu’on n’aurait pu les regarder comme issus d’une race européenne. Les Américains semblaient donc avoir justifié l’appellation des Anglais : c’étaient des Yankees. Une chose sûre, ces Yankees avaient alors pour notre race canadienne-française une sympathie que, hélas ! nous ne retrouvons plus guère. Cette sympathie fut la raison pour laquelle tant de nos Canadiens pourchassés par les agents anglais trouvèrent, durant nos troubles politiques de 1837 à 1839, un refuge sûr dans les États américains.

 

New-York n’était donc pas ville cosmopolite proprement dite, encore qu’elle renfermât, outre le groupe hollandais, plusieurs éléments étrangers, entre autres des Suisses et des Français.

Jean Féron (de son vrai nom Joseph-Marc-Octave Lebel) (1881-1955) était un romancier et dramaturge francophone canadien né à Brunswick (Maine, États-Unis). Bien que né dans l'État du Maine et éduqué au Québec, il est perçu comme l'un des premiers écrivains francophones des Plaines de l'Ouest canadien. Il a écrit plus d'une trentaine de romans après avoir élu domicile à Zenon Park en Saskatchewan. Ses manuscrits sont confiés pour fin de publication aux Éditions Édouard Garand, à Montréal. La Métisse lance sa carrière

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Extrait :

En 1838, la ville de New-York n’était pas ce que nous la pouvons voir aujourd’hui ; mais elle était déjà très importante par son gros commerce. Hâtivement bâtie à l’embouchure de la rivière Hudson, elle n’avait pas la symétrie et la correction de ligne qu’on lui trouve de nos jours, et on ne l’avait pas encore décorée de ses mille tours de Babel. Elle n’était pas encore devenue la capitale de la finance juive ; en 1838, New-York était le lot presque exclusif de commerçants d’origine anglaise, et sa société, en dépit de certaines originalités qu’on s’efforçait d’inventer, et en dépit également de son puritanisme trop affecté, demeurait une société purement anglaise.

 

Seulement, comme on venait de se séparer du régime britannique, il importait de changer ses habitudes, son mode de vivre, son costume, sa façon de parler. On ne voulait plus être anglais, mais des « Américains », et que les Anglais, par revanche ou ironie, surnommèrent « Yankees ». Tout de même, ces Américains ne pouvaient ignorer que leur prétention n’effaçait nullement leur origine, et c’est peut-être à cause de cette reconnaissance même qu’ils continuaient de demeurer de vrais Anglo-Saxons. Ensuite, dans les nouveaux États américains, tout comme en Angleterre, on était bien forcé d’ouvrir ou de fermer les portes, puisqu’on avait là aussi des portes à fermer ou à ouvrir. Mais voilà, nos étranges voisins eurent l’air de prétendre que les portes pouvaient être fermées et ouvertes d’une toute autre façon. Plus tard ils eurent raison positivement : car ils avaient réussi à modifier leur physionomie ethnique, leurs allures et leur langage qu’on n’aurait pu les regarder comme issus d’une race européenne. Les Américains semblaient donc avoir justifié l’appellation des Anglais : c’étaient des Yankees. Une chose sûre, ces Yankees avaient alors pour notre race canadienne-française une sympathie que, hélas ! nous ne retrouvons plus guère. Cette sympathie fut la raison pour laquelle tant de nos Canadiens pourchassés par les agents anglais trouvèrent, durant nos troubles politiques de 1837 à 1839, un refuge sûr dans les États américains.

 

New-York n’était donc pas ville cosmopolite proprement dite, encore qu’elle renfermât, outre le groupe hollandais, plusieurs éléments étrangers, entre autres des Suisses et des Français.

Jean Féron (de son vrai nom Joseph-Marc-Octave Lebel) (1881-1955) était un romancier et dramaturge francophone canadien né à Brunswick (Maine, États-Unis). Bien que né dans l'État du Maine et éduqué au Québec, il est perçu comme l'un des premiers écrivains francophones des Plaines de l'Ouest canadien. Il a écrit plus d'une trentaine de romans après avoir élu domicile à Zenon Park en Saskatchewan. Ses manuscrits sont confiés pour fin de publication aux Éditions Édouard Garand, à Montréal. La Métisse lance sa carrière

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