Author: | Louis Figuier | ISBN: | 1230001328905 |
Publisher: | Eric HELAN | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Louis Figuier |
ISBN: | 1230001328905 |
Publisher: | Eric HELAN |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Dans les premières soirées de la présente année 1869, je revenais le long des quais de Paris, l’œil distrait et la pensée errante, comme un philosophe songeur, lorsque, près du Pont-Royal, je m’arrêtai, ébloui par une clarté subite. J’étais en face du chantier de construction des bâtiments du nouveau Journal officiel de l’Empire français, éclairés en ce moment par la lumière électrique, afin d’accélérer les travaux. Au milieu d’une forêt de poutres et d’échafaudages, un foyer étincelant de lumière, concentrait ses rayons sur des groupes d’ouvriers de divers états. Rien ne peut rendre le magique effet de cette région illuminée d’une clarté sidérale, et qui se détachait avec vigueur sur les ténèbres profondes où restaient ensevelis les objets environnants. Réfléchie par les murs des maisons situées au bord de l’eau, la lueur électrique rayonnait dans l’air en mille sens opposés, et formait comme un voile éthéré et radieux, qui remplissait l’espace de son auréole d’argent.
Les yeux encore remplis de ces prestiges et la vue fatiguée de la dangereuse contemplation de cet éblouissant spectacle, je continuai ma route, et, pour gagner les hauteurs de l’Arc-de-triomphe, où je demeure, je traversai la vieille rue de l’ancien Chaillot. Dans ce quartier, encore arriéré sur la civilisation parisienne, quelques pauvres boutiques étaient à peine éclairées par la chandelle classique, dont la pâle clarté ne parvenait pas à triompher des épaisseurs de l’ombre. Mon esprit fut alors frappé du singulier contraste que présentaient ces deux modes d’éclairage, produits d’époques si différentes, et, rapprochant le resplendissant éclat de la lumière électrique, qui brillait au Pont-Royal, de l’humble lueur de la chandelle séculaire, qui tremblotait en ce pauvre carrefour, je repassai dans ma mémoire les transformations graduelles qui ont opéré, dans la suite des temps, ce perfectionnement merveilleux. Si vous le voulez, cher lecteur, je vous communiquerai mon petit savoir sur cette intéressante question ; je vous redirai ce que m’ont appris, sur ce sujet, quelques vieux livres peu connus. Pendant que, les pieds sur vos chenets, vous contemplez d’un œil satisfait la bûche qui se consume en votre foyer, avec sa gaieté pétillante, je vous raconterai cette longue histoire de l’ombre qui, à force de bonne volonté, s’est faite lumière, de cette lumière qui, à force de science et de progrès, s’est faite soleil !...
Dans les premières soirées de la présente année 1869, je revenais le long des quais de Paris, l’œil distrait et la pensée errante, comme un philosophe songeur, lorsque, près du Pont-Royal, je m’arrêtai, ébloui par une clarté subite. J’étais en face du chantier de construction des bâtiments du nouveau Journal officiel de l’Empire français, éclairés en ce moment par la lumière électrique, afin d’accélérer les travaux. Au milieu d’une forêt de poutres et d’échafaudages, un foyer étincelant de lumière, concentrait ses rayons sur des groupes d’ouvriers de divers états. Rien ne peut rendre le magique effet de cette région illuminée d’une clarté sidérale, et qui se détachait avec vigueur sur les ténèbres profondes où restaient ensevelis les objets environnants. Réfléchie par les murs des maisons situées au bord de l’eau, la lueur électrique rayonnait dans l’air en mille sens opposés, et formait comme un voile éthéré et radieux, qui remplissait l’espace de son auréole d’argent.
Les yeux encore remplis de ces prestiges et la vue fatiguée de la dangereuse contemplation de cet éblouissant spectacle, je continuai ma route, et, pour gagner les hauteurs de l’Arc-de-triomphe, où je demeure, je traversai la vieille rue de l’ancien Chaillot. Dans ce quartier, encore arriéré sur la civilisation parisienne, quelques pauvres boutiques étaient à peine éclairées par la chandelle classique, dont la pâle clarté ne parvenait pas à triompher des épaisseurs de l’ombre. Mon esprit fut alors frappé du singulier contraste que présentaient ces deux modes d’éclairage, produits d’époques si différentes, et, rapprochant le resplendissant éclat de la lumière électrique, qui brillait au Pont-Royal, de l’humble lueur de la chandelle séculaire, qui tremblotait en ce pauvre carrefour, je repassai dans ma mémoire les transformations graduelles qui ont opéré, dans la suite des temps, ce perfectionnement merveilleux. Si vous le voulez, cher lecteur, je vous communiquerai mon petit savoir sur cette intéressante question ; je vous redirai ce que m’ont appris, sur ce sujet, quelques vieux livres peu connus. Pendant que, les pieds sur vos chenets, vous contemplez d’un œil satisfait la bûche qui se consume en votre foyer, avec sa gaieté pétillante, je vous raconterai cette longue histoire de l’ombre qui, à force de bonne volonté, s’est faite lumière, de cette lumière qui, à force de science et de progrès, s’est faite soleil !...