Les Mœurs du jour

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Les Mœurs du jour by JAMES FENIMORE COOPER, GILBERT TEROL
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Author: JAMES FENIMORE COOPER ISBN: 1230000212949
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 26, 2014
Imprint: Language: English
Author: JAMES FENIMORE COOPER
ISBN: 1230000212949
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 26, 2014
Imprint:
Language: English

Extrait :

Juge, membres du barreau, jurés, témoins et auditeurs, restèrent stupéfaits. Le procès avait été conduit avec la bonne foi la plus entière ; et pas un être humain, à l’exception de ceux qui sentaient toute la force du témoignage de Mac-Brain, ne mettait en doute la mort de l’individu qui en ce moment apparaissait vivant en pleine Cour. Le lecteur peut s’imaginer mieux que nous ne pouvons le décrire, l’effet d’une résurrection si inattendue !

Quand-là confusion naturellement produite par une scène de cette nature se fut apaisée ; quand tous eurent vu, quand quelques-uns même eurent touché l’homme qu’on avait supposé assassiné, l’ordre se rétablit, et la Cour et les membres du barreau commencèrent à réfléchir sur la marche qu’ils avaient à suivre.

— Je suppose, monsieur l’attorney du district, fit observer Son Excellence, qu’il n’y a pas de méprise dans la personne de cet individu ; mais il vaudrait mieux avoir une ou deux dépositions sous serment. Voulez-vous venir près de moi, Monsieur ?

Une longue conférence particulière eut lieu alors entre l’accusateur public et le juge. Chacun d’eux exprima son étonnement du résultat aussi bien que son indignation de la déception pratiquée sur la Cour. Cette indignation fut un peu adoucie par l’impression, maintenant commune tous deux, que Marie Monson n’était pas absolument dans son bon sens. Il y a tant de ruses, néanmoins, mises en usage parmi les personnes accusées de crimes, et qui sont affectées de cette maladie, que des fonctionnaires publics étaient nécessairement très-circonspects dans l’admission de ce prétexte. Le côté le plus fâcheux de toute l’affaire était le discrédit qui retombait sur toute la justice du comté de Dukes. Il n’était pas naturel à ces hommes d’être insensibles à la sorte de défaveur que la réapparition de Pierre Goodwin jetait sur le comté et sur les juges, et ils étaient naturellement très-désireux d’effacer cette tâche. La conférence dura jusqu’à ce que les dépositions sur l’identité de Pierre Goodwin fussent prêtes.

— Si ces dépositions avaient été présentées plus tôt, dit Son Excellence, immédiatement après la lecture des papiers, la sentence n’aurait pas été prononcée. Le cas est nouveau, et je demanderai un peu de temps pour réfléchir sur le parti que je dois prendre. Il faut nous débarrasser de la sentence d’une manière ou d’une autre, et je m’en occuperai avec soin. J’espère, confrère Dunscomb, que le conseil pour l’accusée n’a pas participé à cette déception.

— Je suis aussi surpris que peut-être Votre Excellence, répliqua vivement Dunscomb ; je ne soupçonnais pas le moins du monde l’existence de l’homme qu’on prétendait avoir été assassiné ; autrement nous vous eussions épargné toute cette procédure. Quant à la marche à suivre désormais, je serais assez d’avis en tout respect d’examiner le Code. C’est une Collection universelle et il doit contenir quelque article qui nous dira comment nous pourrons défaire tout ce qui a été fait.

— Il vaudrait mieux pour toutes les parties qu’il en fût ainsi. Il y a encore deux actes d’accusation pendants contre Marie Monson : l’un, au sujet de l’incendie ; l’autre touchant le meurtre de Dorothée Goodwin. Monsieur l’attorney du district sent la nécessité de juger ces causes, ou une du moins, pour venger la justice de l’État et du comté ; et je suis porté à croire que, dans tous les cas, ce serait le parti à prendre. J’espère que nous n’aurons plus de surprises, et qu’on fera avancer de suite Dorothée Goodwin, si elle est encore vivante. Le temps est précieux ! 

— Dorothée Goodwin est morte, dit Marie Monson, d’un ton solennel ; elle a été enlevée tout à coup et en état de péché. Il y a peu à craindre qu’elle revienne ici déjouer votre justice.

— Vous feriez bien, monsieur Dunscomb, de tenir en garde votre cliente contre des paroles piquantes et inconsidérées. Que l’accusée soit assignée, et un jury constitué. Quelle accusation préférez-vous suivre, monsieur l’attorney du district ?

Dunscomb vit que Son Excellence était blessée, et très-pressée d’agir. Il était blessé lui-même et à moitié disposé à se décharger de son ministère, mais il fut touché de la position d’une jeune femme sans défense. Ses doutes sur le bon sens de sa cliente commencèrent à prendre alors un caractère de certitude, et il vit combien il serait odieux d’abandonner un être frappé de ce malheur. Il fit entendre son soupçon à la Cour ; mais on lui répondit que dans tous les cas, le fait regardait expressément le jury. Après réflexion, l’avocat résolut de ne pas renoncer à sa mission.

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Extrait :

Juge, membres du barreau, jurés, témoins et auditeurs, restèrent stupéfaits. Le procès avait été conduit avec la bonne foi la plus entière ; et pas un être humain, à l’exception de ceux qui sentaient toute la force du témoignage de Mac-Brain, ne mettait en doute la mort de l’individu qui en ce moment apparaissait vivant en pleine Cour. Le lecteur peut s’imaginer mieux que nous ne pouvons le décrire, l’effet d’une résurrection si inattendue !

Quand-là confusion naturellement produite par une scène de cette nature se fut apaisée ; quand tous eurent vu, quand quelques-uns même eurent touché l’homme qu’on avait supposé assassiné, l’ordre se rétablit, et la Cour et les membres du barreau commencèrent à réfléchir sur la marche qu’ils avaient à suivre.

— Je suppose, monsieur l’attorney du district, fit observer Son Excellence, qu’il n’y a pas de méprise dans la personne de cet individu ; mais il vaudrait mieux avoir une ou deux dépositions sous serment. Voulez-vous venir près de moi, Monsieur ?

Une longue conférence particulière eut lieu alors entre l’accusateur public et le juge. Chacun d’eux exprima son étonnement du résultat aussi bien que son indignation de la déception pratiquée sur la Cour. Cette indignation fut un peu adoucie par l’impression, maintenant commune tous deux, que Marie Monson n’était pas absolument dans son bon sens. Il y a tant de ruses, néanmoins, mises en usage parmi les personnes accusées de crimes, et qui sont affectées de cette maladie, que des fonctionnaires publics étaient nécessairement très-circonspects dans l’admission de ce prétexte. Le côté le plus fâcheux de toute l’affaire était le discrédit qui retombait sur toute la justice du comté de Dukes. Il n’était pas naturel à ces hommes d’être insensibles à la sorte de défaveur que la réapparition de Pierre Goodwin jetait sur le comté et sur les juges, et ils étaient naturellement très-désireux d’effacer cette tâche. La conférence dura jusqu’à ce que les dépositions sur l’identité de Pierre Goodwin fussent prêtes.

— Si ces dépositions avaient été présentées plus tôt, dit Son Excellence, immédiatement après la lecture des papiers, la sentence n’aurait pas été prononcée. Le cas est nouveau, et je demanderai un peu de temps pour réfléchir sur le parti que je dois prendre. Il faut nous débarrasser de la sentence d’une manière ou d’une autre, et je m’en occuperai avec soin. J’espère, confrère Dunscomb, que le conseil pour l’accusée n’a pas participé à cette déception.

— Je suis aussi surpris que peut-être Votre Excellence, répliqua vivement Dunscomb ; je ne soupçonnais pas le moins du monde l’existence de l’homme qu’on prétendait avoir été assassiné ; autrement nous vous eussions épargné toute cette procédure. Quant à la marche à suivre désormais, je serais assez d’avis en tout respect d’examiner le Code. C’est une Collection universelle et il doit contenir quelque article qui nous dira comment nous pourrons défaire tout ce qui a été fait.

— Il vaudrait mieux pour toutes les parties qu’il en fût ainsi. Il y a encore deux actes d’accusation pendants contre Marie Monson : l’un, au sujet de l’incendie ; l’autre touchant le meurtre de Dorothée Goodwin. Monsieur l’attorney du district sent la nécessité de juger ces causes, ou une du moins, pour venger la justice de l’État et du comté ; et je suis porté à croire que, dans tous les cas, ce serait le parti à prendre. J’espère que nous n’aurons plus de surprises, et qu’on fera avancer de suite Dorothée Goodwin, si elle est encore vivante. Le temps est précieux ! 

— Dorothée Goodwin est morte, dit Marie Monson, d’un ton solennel ; elle a été enlevée tout à coup et en état de péché. Il y a peu à craindre qu’elle revienne ici déjouer votre justice.

— Vous feriez bien, monsieur Dunscomb, de tenir en garde votre cliente contre des paroles piquantes et inconsidérées. Que l’accusée soit assignée, et un jury constitué. Quelle accusation préférez-vous suivre, monsieur l’attorney du district ?

Dunscomb vit que Son Excellence était blessée, et très-pressée d’agir. Il était blessé lui-même et à moitié disposé à se décharger de son ministère, mais il fut touché de la position d’une jeune femme sans défense. Ses doutes sur le bon sens de sa cliente commencèrent à prendre alors un caractère de certitude, et il vit combien il serait odieux d’abandonner un être frappé de ce malheur. Il fit entendre son soupçon à la Cour ; mais on lui répondit que dans tous les cas, le fait regardait expressément le jury. Après réflexion, l’avocat résolut de ne pas renoncer à sa mission.

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