Author: | François Bossard | ISBN: | 9782355544156 |
Publisher: | Le chasseur abstrait éditeur | Publication: | October 30, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | François Bossard |
ISBN: | 9782355544156 |
Publisher: | Le chasseur abstrait éditeur |
Publication: | October 30, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Après l’averse c’est la pagaïe chez les gastéropodes dans le jardin vert où le sol croustille d’escargots sous nos pas.
After the rain in the green garden, it is mayhem for the gastropods as you tread on the snail-crunchy ground.
Édition bilingue : anglais/français / Bilingual edition : english/french
HAÏKUS DE PASSAGE
L'existence invite souvent à emprunter des passages dans le temps et l'espace; ils sont nombreux et se succèdent.
On vient au monde et on trépasse...
Entretemps, on passe devant des affiches de cinéma,on passe au péage, dégage la voie pour passer, livre passage, on se fraie un passage, on s'effraie du temps qui passe. On a des rites de passage, on va au delà de la limite.
Le corps régule le passage des aliments, de l'air, du sang.
Le passage respire, contrairement à l'impasse, au cul de sac.
La météo livre des passages nuageux, ensoleillés ponctués d'averses passagères.
De l'aube au crépuscule, des hôtes de passage discutent du particulier au général, de l'instant ici à l'universel intemporel, On passe d'une langue à l'autre, on emprunte le passage souterrain en parlant des oiseaux migrateurs et des réfugiés.
-Des passagers éphémères en mouvement.
Le passage de la matière du solide au liquide reflète les émotions.
On peut fondre de plaisir en lisant, entre autres, les haïkus de Bashô.
Ils sont fugaces, de passage, mais subversifs et libérateurs comme pendant l'âge d'or japonais du haïku dans les années 1940.
-Le haïku comme passage.
La règle des 3 phrases de 5,7 et 5 syllabes de Bashô (1644-1694) a été reprise de manière libre dans « Le haïku américain » de Jack Kerouac, qui reste un court poème de trois lignes.
«Dans le givre du matin
les chats
avancent lentement».
-Haïku : une goutte d'eau dans l'océan.
Bashô décrit le poème achevé comme un équilibre entre l'immuable, l'éternité (fueki), et un événement trivial et éphémère (ryûko).
«Devant l'éclair
sublime est celui
qui ne sait rien!»
La révélation du haïku rappelle l'épiphanie de James Joyce, un éclair de perception et de lucidité. (Épiphanie: du grec «manifestation»).
-Un des éléments de cette révélation est peut-être la confluence temps-espace.
Le passage du voyage en train dans Le poème d'Antoine Pol Les Passantes chanté par Georges Brassens, illustre ce point de rencontre :
«A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin»
En ville, le passant s'engouffre dans le passage couvert entre les deux boulevards congestionnés pour s'abriter de l'averse passagère. Le passage devient chemin de traverse, si le passant entre dans la librairie, lit un passage dans un livre, et savoure l'heureux hasard du fragment.
La révélation soudaine de l'épiphanie est comme l'éclaboussure de la goutte d'eau au contact de l'océan.
-Un passage de l'eau à l'eau qui rappelle le livre de poèmes de Raymond Carver: «Où l'eau s'unit avec l'eau».
Le haïku est un peu comme cette sculpture liquide fugace, reliant le minuscule au cosmos.
Le haïku capture l'instant. C'est une sorte d'attrape-épiphanie, qui peut-être, abat en douceur les murs des totalitarismes, et ouvre le passage.
Après l’averse c’est la pagaïe chez les gastéropodes dans le jardin vert où le sol croustille d’escargots sous nos pas.
After the rain in the green garden, it is mayhem for the gastropods as you tread on the snail-crunchy ground.
Édition bilingue : anglais/français / Bilingual edition : english/french
HAÏKUS DE PASSAGE
L'existence invite souvent à emprunter des passages dans le temps et l'espace; ils sont nombreux et se succèdent.
On vient au monde et on trépasse...
Entretemps, on passe devant des affiches de cinéma,on passe au péage, dégage la voie pour passer, livre passage, on se fraie un passage, on s'effraie du temps qui passe. On a des rites de passage, on va au delà de la limite.
Le corps régule le passage des aliments, de l'air, du sang.
Le passage respire, contrairement à l'impasse, au cul de sac.
La météo livre des passages nuageux, ensoleillés ponctués d'averses passagères.
De l'aube au crépuscule, des hôtes de passage discutent du particulier au général, de l'instant ici à l'universel intemporel, On passe d'une langue à l'autre, on emprunte le passage souterrain en parlant des oiseaux migrateurs et des réfugiés.
-Des passagers éphémères en mouvement.
Le passage de la matière du solide au liquide reflète les émotions.
On peut fondre de plaisir en lisant, entre autres, les haïkus de Bashô.
Ils sont fugaces, de passage, mais subversifs et libérateurs comme pendant l'âge d'or japonais du haïku dans les années 1940.
-Le haïku comme passage.
La règle des 3 phrases de 5,7 et 5 syllabes de Bashô (1644-1694) a été reprise de manière libre dans « Le haïku américain » de Jack Kerouac, qui reste un court poème de trois lignes.
«Dans le givre du matin
les chats
avancent lentement».
-Haïku : une goutte d'eau dans l'océan.
Bashô décrit le poème achevé comme un équilibre entre l'immuable, l'éternité (fueki), et un événement trivial et éphémère (ryûko).
«Devant l'éclair
sublime est celui
qui ne sait rien!»
La révélation du haïku rappelle l'épiphanie de James Joyce, un éclair de perception et de lucidité. (Épiphanie: du grec «manifestation»).
-Un des éléments de cette révélation est peut-être la confluence temps-espace.
Le passage du voyage en train dans Le poème d'Antoine Pol Les Passantes chanté par Georges Brassens, illustre ce point de rencontre :
«A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin»
En ville, le passant s'engouffre dans le passage couvert entre les deux boulevards congestionnés pour s'abriter de l'averse passagère. Le passage devient chemin de traverse, si le passant entre dans la librairie, lit un passage dans un livre, et savoure l'heureux hasard du fragment.
La révélation soudaine de l'épiphanie est comme l'éclaboussure de la goutte d'eau au contact de l'océan.
-Un passage de l'eau à l'eau qui rappelle le livre de poèmes de Raymond Carver: «Où l'eau s'unit avec l'eau».
Le haïku est un peu comme cette sculpture liquide fugace, reliant le minuscule au cosmos.
Le haïku capture l'instant. C'est une sorte d'attrape-épiphanie, qui peut-être, abat en douceur les murs des totalitarismes, et ouvre le passage.