Author: | Destutt de Tracy | ISBN: | 1230001337150 |
Publisher: | Eric HELAN | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Destutt de Tracy |
ISBN: | 1230001337150 |
Publisher: | Eric HELAN |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Jusqu’à présent la Logique n’a été que l’art de tirer des conséquences légitimes d’une proposition supposée vraie et avouée comme telle.
Mais premièrement, les règles que l’on nous a données pour atteindre ce but, fussent-elles bonnes, manquent toutes d’une garantie qui nous assure de leur justesse ; car elles sont toutes fondées sur le syllogisme ; et les diverses formes du syllogisme reposent sur ce fameux principe : deux choses sont égales entre elles quand toutes deux sont égales à une même troisième chose ; et en conséquence le syllogisme consiste uniquement à introduire un moyen terme entre le grand et le petit terme.
Ce principe est vrai, mais il ne fait rien à l’affaire ; car il n’est pas vrai que le grand, le petit et le moyen terme d’un syllogisme soient exactement égaux entre eux ; si cela était, ils n’exprimeraient qu’une seule et même chose ; et il n’est pas plus vrai que la majeure, la mineure et la conséquence d’un syllogisme soient des propositions égales entre elles. Si elles étaient parfaitement égales, l’une ne dirait rien de plus que l’autre, et on ne serait pas plus avancé à la troisième qu’à la première. Si, au contraire, la mineure dit autre chose que la majeure, et la conséquence plus que toutes deux, elles ne sont pas égales entre elles. Cela est incontestable [1]. Ainsi tout notre système d’argumentation et de raisonnement est mal fondé.
D’ailleurs, quand le principe sur lequel s’appuie ce système le justifieraitpleinement, il resterait encore à prouver ce principe lui-même, et tous les autres principes non contestés desquels on argumente, à trouver en quoi ils sont vrais, et pourquoi ils sont vrais ; or, c’est ce que la Logique n’a pas même entrepris de faire. Elle établit pour premier principe, qu’il ne faut pas disputer des principes, et pourtant chaque logicien en admet un plus ou moins grand nombre que ses prédécesseurs, approuve les uns, critique les autres ; mais aucun ne montre la cause première de la vérité de ceux qu’il admet, de la fausseté de ceux qu’il rejette...
Jusqu’à présent la Logique n’a été que l’art de tirer des conséquences légitimes d’une proposition supposée vraie et avouée comme telle.
Mais premièrement, les règles que l’on nous a données pour atteindre ce but, fussent-elles bonnes, manquent toutes d’une garantie qui nous assure de leur justesse ; car elles sont toutes fondées sur le syllogisme ; et les diverses formes du syllogisme reposent sur ce fameux principe : deux choses sont égales entre elles quand toutes deux sont égales à une même troisième chose ; et en conséquence le syllogisme consiste uniquement à introduire un moyen terme entre le grand et le petit terme.
Ce principe est vrai, mais il ne fait rien à l’affaire ; car il n’est pas vrai que le grand, le petit et le moyen terme d’un syllogisme soient exactement égaux entre eux ; si cela était, ils n’exprimeraient qu’une seule et même chose ; et il n’est pas plus vrai que la majeure, la mineure et la conséquence d’un syllogisme soient des propositions égales entre elles. Si elles étaient parfaitement égales, l’une ne dirait rien de plus que l’autre, et on ne serait pas plus avancé à la troisième qu’à la première. Si, au contraire, la mineure dit autre chose que la majeure, et la conséquence plus que toutes deux, elles ne sont pas égales entre elles. Cela est incontestable [1]. Ainsi tout notre système d’argumentation et de raisonnement est mal fondé.
D’ailleurs, quand le principe sur lequel s’appuie ce système le justifieraitpleinement, il resterait encore à prouver ce principe lui-même, et tous les autres principes non contestés desquels on argumente, à trouver en quoi ils sont vrais, et pourquoi ils sont vrais ; or, c’est ce que la Logique n’a pas même entrepris de faire. Elle établit pour premier principe, qu’il ne faut pas disputer des principes, et pourtant chaque logicien en admet un plus ou moins grand nombre que ses prédécesseurs, approuve les uns, critique les autres ; mais aucun ne montre la cause première de la vérité de ceux qu’il admet, de la fausseté de ceux qu’il rejette...