Author: | Nicolas de Condorcet | ISBN: | 1230001312508 |
Publisher: | CP | Publication: | August 16, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Nicolas de Condorcet |
ISBN: | 1230001312508 |
Publisher: | CP |
Publication: | August 16, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Réduire un homme à l’esclavage, l’acheter, le vendre, le retenir dans la servitude, ce sont de véritables crimes, et des crimes pires que le vol. En effet on dépouille l’esclave, non-seulement de toute propriété mobilière ou foncière, mais de la faculté d’en acquérir, mais la propriété de son temps, de ses forces, de tout ce que la nature lui a donné pour conserver sa vie ou satisfaire à ses besoins. A ce tort on joint celui d’enlever à l’esclave le droit de disposer de sa personne.
Ou il n’y a point de morale, ou il faut convenir de ce principe. Que l’opinion ne sévisse point ce genre de crime, que la loi du pays le tolère ; ni l’opinion, ni la loi ne peuvent changer la nature des actions, et cette opinion ferait celle de tous les hommes, et le genre humain assemblé aurait, d’une voix unanime, porté cette loi, que le crime retraiterait toujours un crime.
Dans la fuite nous comparerons souvent avec le vol l’action de réduire à l’esclavage. Ces deux crimes, quoique le premier soit beaucoup moins grave, ont de grands rapports entre eux ; et comme l’un a toujours été le crime du plus fort, et le vol celui du plus faible, nous trouvons toutes les questions sur le vol résolues d’avance et suivant de bons principes, par tous les moralistes, tandis que l’autre crime n’a pas même de nom dans leurs livres. Il faut excepter cependant le vol à main armée qu’on appelle conquête, et quelques autres espèces de vols où c’est également le plus fort qui dépouille le plus faible : les moralistes sont aussi muets sur ces crimes que sur celui de réduire des hommes à l’esclavage.
Réduire un homme à l’esclavage, l’acheter, le vendre, le retenir dans la servitude, ce sont de véritables crimes, et des crimes pires que le vol. En effet on dépouille l’esclave, non-seulement de toute propriété mobilière ou foncière, mais de la faculté d’en acquérir, mais la propriété de son temps, de ses forces, de tout ce que la nature lui a donné pour conserver sa vie ou satisfaire à ses besoins. A ce tort on joint celui d’enlever à l’esclave le droit de disposer de sa personne.
Ou il n’y a point de morale, ou il faut convenir de ce principe. Que l’opinion ne sévisse point ce genre de crime, que la loi du pays le tolère ; ni l’opinion, ni la loi ne peuvent changer la nature des actions, et cette opinion ferait celle de tous les hommes, et le genre humain assemblé aurait, d’une voix unanime, porté cette loi, que le crime retraiterait toujours un crime.
Dans la fuite nous comparerons souvent avec le vol l’action de réduire à l’esclavage. Ces deux crimes, quoique le premier soit beaucoup moins grave, ont de grands rapports entre eux ; et comme l’un a toujours été le crime du plus fort, et le vol celui du plus faible, nous trouvons toutes les questions sur le vol résolues d’avance et suivant de bons principes, par tous les moralistes, tandis que l’autre crime n’a pas même de nom dans leurs livres. Il faut excepter cependant le vol à main armée qu’on appelle conquête, et quelques autres espèces de vols où c’est également le plus fort qui dépouille le plus faible : les moralistes sont aussi muets sur ces crimes que sur celui de réduire des hommes à l’esclavage.