Author: | Ernst Theodor Amadeus Hoffmann | ISBN: | 1230000267818 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | September 13, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Ernst Theodor Amadeus Hoffmann |
ISBN: | 1230000267818 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | September 13, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Non loin d’un charmant village, à peu de distance de la grande route, était prosternée sur la terre, que brûlait un soleil ardent, une pauvre paysanne couverte de haillons. Haletante et se mourant de faim et de soif, la malheureuse était tombée défaillante sous le poids du bois sec empilé dans sa hotte, et qu’elle avait ramassé dans le bois en battant péniblement toute la futaie et les broussailles. Ayant à peine encore la force de respirer, elle crut qu’elle allait mourir, et qu’elle serait ainsi délivrée tout d’un coup de sa désolante misère. Cependant elle recouvra bientôt assez de force pour détacher les cordes qui assujétissaient sa hotte sur son dos, et pour se trainer lentement jusqu’à un tertre couvert de gazon qui n’était pas éloigné. Elle éclata alors en sanglots et en plaintes amères.
« Il faut donc, s’écria-t-elle tout haut, que toutes les privations et toutes les misères viennent fondre exclusivement sur nous, mon pauvre homme et moi ! ne sommes-nous pas les seuls dans tout le village qui, malgré le plus dur travail et les flots de notre sueur, ne pouvons secouer le joug de la pauvreté, et gagnons à peine de quoi assouvir notre faim ? — Il y a trois ans, lorsque mon pauvre homme, en bêchant notre jardin, déterra ces pièces d’or, nous crûmes alors que le bonheur était enfin entré chez nous, et que les beaux jours auraient leur tour : oui ! mais qu’arriva-t-il ? — Des voleurs nous dérobèrent l’argent, notre maison et la grange brûlèrent par-dessus nos têtes, la grêle hacha notre récolte sur pied, et pour combler jusque par-dessus les bords la mesure de nos tribulations, le ciel nous envoya encore en punition
Non loin d’un charmant village, à peu de distance de la grande route, était prosternée sur la terre, que brûlait un soleil ardent, une pauvre paysanne couverte de haillons. Haletante et se mourant de faim et de soif, la malheureuse était tombée défaillante sous le poids du bois sec empilé dans sa hotte, et qu’elle avait ramassé dans le bois en battant péniblement toute la futaie et les broussailles. Ayant à peine encore la force de respirer, elle crut qu’elle allait mourir, et qu’elle serait ainsi délivrée tout d’un coup de sa désolante misère. Cependant elle recouvra bientôt assez de force pour détacher les cordes qui assujétissaient sa hotte sur son dos, et pour se trainer lentement jusqu’à un tertre couvert de gazon qui n’était pas éloigné. Elle éclata alors en sanglots et en plaintes amères.
« Il faut donc, s’écria-t-elle tout haut, que toutes les privations et toutes les misères viennent fondre exclusivement sur nous, mon pauvre homme et moi ! ne sommes-nous pas les seuls dans tout le village qui, malgré le plus dur travail et les flots de notre sueur, ne pouvons secouer le joug de la pauvreté, et gagnons à peine de quoi assouvir notre faim ? — Il y a trois ans, lorsque mon pauvre homme, en bêchant notre jardin, déterra ces pièces d’or, nous crûmes alors que le bonheur était enfin entré chez nous, et que les beaux jours auraient leur tour : oui ! mais qu’arriva-t-il ? — Des voleurs nous dérobèrent l’argent, notre maison et la grange brûlèrent par-dessus nos têtes, la grêle hacha notre récolte sur pied, et pour combler jusque par-dessus les bords la mesure de nos tribulations, le ciel nous envoya encore en punition