Author: | Paulin Paris | ISBN: | 1230001322637 |
Publisher: | Eric HELAN | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Paulin Paris |
ISBN: | 1230001322637 |
Publisher: | Eric HELAN |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
La faveur avec laquelle on a bien voulu (style de préface) accueillir ce que nous avons dit l’année dernière des publications de M. Veinant, nous fait un devoir de signaler aujourd’hui, dans le Moniteur universel, plusieurs autres facéties nouvellement réimprimées, grâce à la curiosité du même littérateur. Dans la première liste figurait le Caresme prenant et les Iours gras de Tabarin et d’Ysabelle ; on l’a peut-être oublié, tant nous en avons parlé vite et mis de sobriété dans nos citations. Tabarin, seigneur de Val-Burlesque, exerçait à Paris dans la première partie du 17e siècle. Était-il venu d’Espagne en France, ou, comme semblerait l’annoncer la description qu’il fait de son costume et le nom de sa femme, se contentait-il de laisser aux Espagnols le premier rôle dans ses parades : c’est là ce que nous n’oserions décider. L’Espagne donnait alors aux modes européennes le signal qui part aujourd’hui de Paris. Nous lui demandions ses ameublements, ses romans et ses comédies fameuses ; notre langue et nos maisons s’enrichissaient à la fois de la volupteuse alcôve, du grâcieux balcon, du long corridor et de la discrète jalousie ; mais les Espagnols n’en étaient pas plus aimés, peu s’en fallait même qu’ils ne fussent pour les contemporains de Louis XIII, ce que les Anglais furent pour nous au temps de Napoléon et de Louis XVIII ; on les détestait : n’est pas détesté qui veut. Tabarin donc, du haut de son trône établi sur le Pont-Neuf, à l’entrée de la place Dauphine, luttait de propos joyeux et de rencontres saugrenues avec Isabelle, sa bien-aimée, à cette fin de décider les passants, surtout les laquais et les servantes, à faire emplette de ses petites feuilles imprimées et de ses méchantes drogues. Les livrets qui composent la bibliothèque tabarinique furent ainsi distribués. Inutile de dire que, dans leur nouveauté, on en tenait assez peu de compte ; Pierre de l’Estoile, le précieux journaliste, en faisait pourtant collection ; mais les autres chalands de Tabarin étaient assez peu curieux de bibliothèques, et voilà comment la plupart de ces petits écrits sont allés rejoindre les neiges d’antan...
La faveur avec laquelle on a bien voulu (style de préface) accueillir ce que nous avons dit l’année dernière des publications de M. Veinant, nous fait un devoir de signaler aujourd’hui, dans le Moniteur universel, plusieurs autres facéties nouvellement réimprimées, grâce à la curiosité du même littérateur. Dans la première liste figurait le Caresme prenant et les Iours gras de Tabarin et d’Ysabelle ; on l’a peut-être oublié, tant nous en avons parlé vite et mis de sobriété dans nos citations. Tabarin, seigneur de Val-Burlesque, exerçait à Paris dans la première partie du 17e siècle. Était-il venu d’Espagne en France, ou, comme semblerait l’annoncer la description qu’il fait de son costume et le nom de sa femme, se contentait-il de laisser aux Espagnols le premier rôle dans ses parades : c’est là ce que nous n’oserions décider. L’Espagne donnait alors aux modes européennes le signal qui part aujourd’hui de Paris. Nous lui demandions ses ameublements, ses romans et ses comédies fameuses ; notre langue et nos maisons s’enrichissaient à la fois de la volupteuse alcôve, du grâcieux balcon, du long corridor et de la discrète jalousie ; mais les Espagnols n’en étaient pas plus aimés, peu s’en fallait même qu’ils ne fussent pour les contemporains de Louis XIII, ce que les Anglais furent pour nous au temps de Napoléon et de Louis XVIII ; on les détestait : n’est pas détesté qui veut. Tabarin donc, du haut de son trône établi sur le Pont-Neuf, à l’entrée de la place Dauphine, luttait de propos joyeux et de rencontres saugrenues avec Isabelle, sa bien-aimée, à cette fin de décider les passants, surtout les laquais et les servantes, à faire emplette de ses petites feuilles imprimées et de ses méchantes drogues. Les livrets qui composent la bibliothèque tabarinique furent ainsi distribués. Inutile de dire que, dans leur nouveauté, on en tenait assez peu de compte ; Pierre de l’Estoile, le précieux journaliste, en faisait pourtant collection ; mais les autres chalands de Tabarin étaient assez peu curieux de bibliothèques, et voilà comment la plupart de ces petits écrits sont allés rejoindre les neiges d’antan...